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Le baluchonnage va-t-il disparaitre ?

L’association Baluchon France se bat pour la création d’un dispositif légal de baluchonnage, mais le gouvernement fait la sourde oreille. Comment contourner l’obstacle ?

Je suis triste, mon coeur saigne. Le baluchonnage va s’arrêter en France.
Pourtant, c’était une bonne idée.
Une idée que tout le monde trouve géniale.

Vous faites un article sur le baluchonnage, c’est le succès assuré. J’en ai d’ailleurs écrit plusieurs pour Sweet HomeAudiens et papyhappy. En tout, j’ai dû écrire 6 ou 7 articles sur le sujet. J’ai aussi animé le premier séminaire de l’association Baluchon France, en janvier 2020.

J’y ai consacré tellement de contenu que Sweet Home se classe mieux que le site officiel de Baluchon France, pour ce mot clé, sur Google ! (ils m’ont même écrit pour me demander comment je fais pour les dépasser).

Mais voila, le baluchonnage est un géant aux pieds d’argile.

Le baluchonnage est un géant aux pieds d’argile

Le dispositif n’a été autorisé par le législateur qu’à titre expérimental pour une durée de 3 ans (de 2018 à 2021). A l’issue de la période de test, un audit devrait dire si la solution vaut le coup de modifier le code du travail pour rendre le baluchonnage possible.

Et manifestement, le gouvernement n’est plus si motivé. Il vient déjà d’abandonner la loi Grand Age… c’est un signe, non ?

Mais, me direz-vous, pourquoi devons-nous compter sur le législateur ?

Et bien, parce que le baluchonnage nécessite un assouplissement des conditions de travail pour fonctionner.

Le baluchonnage, c’est confier une personne dépendante ou handicapée à une aidante professionnelle. Oui, ce sont majoritairement des femmes – appelée la baluchonneuse, qui vient poser son baluchon chez l’aidé pendant 6 jours. Et dans le droit français, une vacation de 6 jours sans interruption, c’est pas possible.

Il a donc fallu que le législateur accorde une dérogation temporaire pour que des services d’aide à domicile puissent tester la formule. 40 organismes participent à l’expérimentation. Ils ont réussi à organiser environ 300 baluchonnages en 3 ans, selon des chiffres communiqués par Baluchon France.

C’est pas énorme, ramené aux 8 millions d’aidants !

Pourquoi si peu de baluchonnages en France ?

Pour 3 raisons :

  1. Le baluchonnage coûte au minimum 650 euros par jour et c’est pas à la portée de toutes les bourses. Pour être soutenable, le dispositif doit donc être financé par les collectivités publiques. Or la plupart des collectivités n’ont pas un budget prévu pour cette expérimentation. Et donc, les porteurs de projet ont sué sang et eau pour trouver des thunes.
  2. Le dispositif expérimental est compliqué. Vous pouvez soit choisir le format de la loi, tellement open que vous êtes livré à vous même pour construire votre dispositif maison. Soit adhérer à l’association Baluchon France qui propose une organisation inspirée du format original, inventé au Québec il y a une vingtaine d’années. Un format plus encadré, plus contraignant. Surtout qui ne proposait pas vraiment de moyens de communiquer et persuader plus d’aidants de tester la formule. Ce qui nous amène à la troisième raison.
  3. A part dans le petit cercle des initiés, personne n’a jamais entendu parler du baluchonnage. C’est donc compliqué de le vendre à des aidants, même quand vous disposez d’un financement. Cela peut vous paraître complètement dingue, mais les aidants n’ont pas envie de lâcher leur aidé pendant 6 jours – juste parce qu’ils le peuvent – s’ils ne savent pas comment employer leur temps libre.

Vu la période, vu que le président Macron semble plus intéressé par le vote des jeunes que par celui des vieux et vu que le projet de loi Grand Age a été annulé début septembre, il y a fort à parier que le baluchonnage va suivre la même voie vers les oubliettes.

Le baluchonnage est-il condamné à mort ?

Non.
Vraiment pas.
Bien au contraire.

Pendant des années, les promoteurs d’un baluchonnage en France ont réclamé un assouplissement du droit du travail pour pouvoir importer en France un dispositif inventé au Québec par une infirmière dans le cadre d’un travail de recherche expérimentale. Un dispositif qui, en 2020 au Québec, mobilise seulement 23 baluchonneuse, lesquelles assurent au mieux 300 vacations par an.

Certes, c’est toujours mieux que rien, mais vous admettrez que là-bas non plus, le baluchonnage ne mobilise pas les foules. Et pourtant, c’est ce dispositif là qu’on a voulu à tout prix importer en France. En l’état et au prix d’une modification du code du travail et de la création d’aides financières fléchées.

Est-ce bien raisonnable de s’arc bouter sur un format qui suscite un engouement aussi faible ?

Oui, les aidants ont besoin d’être soutenus.

Oui, ils vont avoir de plus en plus besoin de l’être, car ils seront de moins en moins nombreux et qu’ils auront de plus en plus de boulot pour soutenir leur aidé.

Mais plutôt que d’imposer à tout prix un machin qui ne semble pas intéresser grand monde, tout génial soit-il sur le papier, pourrait-on imaginer une offre qui réponde aux vrais besoins des aidants français d’aujourd’hui?

En leur posant la question, tout simplement.

Je sais que j’ai l’air d’enfoncer des portes ouvertes. Mais j’ai croisé tant de projets de la Silver économie qui ne font pas l’effort de parler à leurs clients que j’avais bien envie de réaffirmer cette nécessité… Et cette triste nouvelle à propos du baluchonnage m’en a donné l’occasion.

Une meilleure compréhension des besoins des aidants peut déboucher sur des solutions qui répondent vraiment à leurs besoins.

3 solutions qui ont fait leurs preuves pour aider les aidants

La prévention primaire avec Passerelle Assist’aidant

Cette association propose un programme d’accompagnement des aidants qui se déroule à leur domicile, sans qu’ils aient besoin de s’éloigner de leur proche aidé.

Le programme d’accompagnement dure un an. Il est assuré par une équipe pluridisciplinaire (sophrologue, kinésithérapeute, coach en nutrition, etc.) coordonnée par Passerelle Assist’Aidant. C’est le psychologue qui sert de fil rouge à au programme et veille à ce qu’il soit toujours pertinent eu égard à l’évolution de la situation de l’aidant. L’objectif est de remettre ce dernier d’aplomb en restaurant sa confiance en lui. Le programme met également l’aidant en contact avec tous les organismes de l’écosystème qui pourront lui venir en aide et prendre le relais à l’issue de l’accompagnement annuel.

Ce dispositif est déployé à Paris et en Indre et Loire. Il est financé par des contributeurs publics et institutionnels. Le reste à charge modeste pour l’aidant s’élève à 10 euros auxquels il peut ajouter une contribution libre éligible au crédit d’impôt.

Tributaire des financements publics, l’association accompagne chaque année une dizaine d’aidants.

Les villages de répit

Les villages de répit sont des centres de vacances conçus pour accueillir des couples ou des familles dont l’un des membres est en situation de dépendance.
Ils offrent une infrastructure adaptée à la prise en charge de personnes âgées dépendantes.
Ces établissements doivent permettre à l’aidant de souffler et se reposer dans un environnement adapté. Des activités sont proposées pour le couple tandis que d’autres sont réservées aux aidants, pendant que les aidés sont pris en charge par l’équipe médico-sociale.

Le premier village de répit a ouvert ses portes à Fondettes (37) sous l’impulsion de l’association Vacances Répit Familles. Cet organisme à but non lucratif a été créé en janvier 2013 par plusieurs groupes de protection sociale. L’association VRF veut proposer des solutions de répit plus satisfaisantes que l’offre actuelle. Ce premier village de répit et ses 26 places est une expérimentation qui va dans le sens d’une meilleure prise en considération des besoins spécifiques des proches aidants.

Le séjour dure au minimum une semaine et coûte 1 350 € pour un couple en pension complète. 85% du coût peut être pris en charge par l’Agirc-Arrco.

À ce jour, et malgré l’intérêt évident de la solution pour les aidants comme les aidés, Fondettes est le seul établissement qui permette d’associer l’hébergement temporaire pour senior dépendant et un séjour de vacances.

La deuxième édition du guide « Les aidants pour les nuls »

Je vous recommande chaudement cet ouvrage écrit par un aidant qui parle aux aidants, Jean Ruch.

Les proches aidants pour les nuls
Un livre pratique pour les aidants.

Jean Ruch a été proche aidant de sa femme durant vingt-cinq ans. Père de deux garçons et soutenu par ses amis et sa famille, il a traversé une année 2020 difficile. Le premier confinement lié à l’épidémie de Covid marque pour lui le début du reste de sa vie.

Entrepreneur social, il est investi dans différents mouvements et associations militant autour du handicap. Il a fondé en 2012 le groupe associatif Familles solidaires, créateur d’habitats inclusifs, sur l’intuition qu’un changement de modèle était nécessaire.

Il conjugue ses compétences au service de cette vision. Permettre aux personnes en situation de vulnérabilité de vivre avec et comme les autres, tout en offrant un réel choix à leurs proches aidants.

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