la méthode québécoise pour aider les aidants à souffler

Les origines du baluchonnage

Les Québécois ont inventé une méthode qui permet aux aidants de souffler en confiant leur proche dépendant à un professionnel pendant plusieurs jours. C’est le baluchonnage. Depuis 2018, ce dispositif est aussi expérimenté en France.

Rappel sur le baluchonnage

Le baluchonnage est un dispositif de répit et d’accompagnement aidant-aidé à domicile. Un intervenant professionnel unique, spécialement formé et accompagné, vient remplacer l’aidant proche au domicile de la personne dépendante, plusieurs jours d’affilée, 24h/24.

La présence constante du baluchonneur permet d’associer à la fonction de répit pour l’aidant et d’accompagnement de la personne aidée, une mission d’accompagnement et de formation de l’aidant. L’objectif est double :

  • Permettre au proche aidant de se reposer, souffler, partir en vacances, penser à autre chose en ayant la conscience tranquille et l’esprit libre,
  • Soutenir sur le long terme la qualité de la relation aidant-aidé et le choix du maintien à domicile.

L’essentiel est dit dans cette petite vidéo réalisée par nos soins (durée 57 secondes) :

La situation jusqu’en 2018

En l’absence de contexte légal favorable, le baluchonnage était jusqu’à ce jour peu répandu en France, mais pas totalement absent. Quelques organismes locaux ont déjà développé des formules de baluchonnage. Citons par exemple :

  • L’association Répit Bulle d’Air. Elle a été créée en 2010 par la Mutualité Sociale Agricole (MSA) qui intervient principalement en Rhône-Alpes mais étend depuis peu ses services à une dizaine d’autres départements. 
  • L’association Notre-Dame du Bon Secours a créé sa plateforme de répit depuis 2009 en sous-traitant la prestation à un SAAD (Atmosphère Services).
  • L’EHPAD associatif Le village des Aubépins à Maromme (76)

Répit Bulle d’Air et Notre Dame du Bon Secours délivrent la prestation de baluchonnage en mode mandataire. Le baluchonnage est possible en mode mandataire. Dans ce cadre légale, le salarié peut effectuer une vacation de 48 heures d’affilée (sur la base du volontariat). En mode prestataire, la durée du travail est plafonnée à 13 heures.

L’autre avantage du mode mandataire est son coût horaire très inférieur au mode prestataire. Seulement 16 euros à l’heure en mandataire contre 25 euros à l’heure en prestataire. L’inconvénient est bien sûr de devenir l’employeur de l’aide à domicile avec tous les aléas que cela implique.

Quant au Village des Aubépins, ils ont adopté une formule hybride proche du modèle Québecois.

Ces trois expérimentations ont été conduites avec la bénédiction des autorités de santé locales. Celles-ci autorisent le financement via les dispositifs d’aide habituels (et notamment l’APA). Malgré cela, le reste à charge toujours conséquent représente un frein majeur pour le déploiement à grande échelle. 

Ramené à un coût horaire, ce reste à charge n’est pas très élevé, mais la durée de la prestation fait vite exploser les compteurs. 

Ce qui change avec la loi du 10 août 2018

L’article 53 de la loi du 10 août 2018 autorise les établissements et services sociaux et médico-sociaux à expérimenter pendant une durée de trois ans la mise en place de prestations de suppléance à domicile du proche aidant d’une personne nécessitant une surveillance permanente.

Dans ce cadre, les salariés des établissements ou du particulier employeur ne sont pas soumis aux dispositions du Code du travail ou des conventions collectives relatives aux régimes d’équivalence, aux temps de pause, aux durées maximales quotidiennes et hebdomadaires de travail et au travail de nuit ainsi qu’à la durée minimale de repos quotidien.

La durée d’intervention d’une personne ne peut excéder six jours consécutifs et 94 jours dans l’année.

Cette limitation permet de garantir un encadrement professionnel et compétent dans l’accompagnement de ces personnes vulnérables.

L’élargissement des indications aux situations de dépendance en général permet d’ouvrir ce service à tous les âges de la vie. Le dispositif français bénéficie donc aux personnes en situation de handicap.

L’article 53 de la loi du 10 août 2018 suscite cependant de l’inquiétude chez les professionnels de l’aide à domicile. Ils voient d’un mauvais œil l’absence de dispositions sur la rémunération et l’accompagnement du salarié. 

Tester une formule qui a fait ses preuves

En signe d’encouragement, le REQ (Réseau Euro Québec de Coopération autour de Baluchon Alzheimer) se transforme et devient Baluchon France. La mission de cette association officielle est

  • De porter et promouvoir la marque déposée Baluchon France,
  • D’accompagner les porteurs de projet dans le déploiement d’une démarche de baluchonnage. 

Vous avez aimé cet article ? Vous avez appris des choses ?

Savez-vous que je publie une nouvelle analyse chaque semaine ?

En la lisant, vous prendrez de l’avance sur vos concurrents sans avoir à réaliser une veille fastidieuse, puisque nous la ferons pour vous !

Pour bénéficier de mes analyses, rejoignez les 2000 professionnels abonnés à ma liste de diffusion exclusive en inscrivant votre e-mail ci-dessous.

Ou… découvrez les derniers numéros de Longévité en visitant cette page de présentation.

2 réflexions sur “Les origines du baluchonnage”

  1. Bonjour, le baluchonnage, je dirais, enfin! C’est très bien!
    Mais une fois encore on omet de fixer le nerf de la guerre: la prise en charge financière!
    En effet, pour 6 jours, 24h/24h, selon le mode prestataire ou mandataire, il faut compter entre 4000 et 8000 euros.
    Qui peut verser un tel montant?
    Il n’est pas étonnant que certaines associations ayant bénéficié d’agrément Départemental pour l’évaluer, n’arrivent pas à faire signer de devis d’intervention, et par conséquent ne peuvent toujours pas le mettre en place.

    Laurent MANCHON
    Président de l’Association des Aidants Familiaux du Finistère

  2. Maurice Bougnaguer

    Bonjour Laurent,
    Depuis votre post d’août 2019 vous avez sans doute eu des explications mais je voudrais vous faire par de mon expérience du sujet.
    Ce que j’en sais : l’expérimentation du baluchonnage dure 3 ans pendant lesquels il bénéficie du soutien financier des intercommunalités et des collectivités locales et/ou régionales. De ce fait le reste à charge est ridiculement minime et incitatif, autour de 50€ la journée !!!

    Faut savoir aussi que les « baluchonneuses » sont volontaires pour accepter de déroger au code du travail… et elles donnent vraiment tout ce qu’elles ont.
    C’est du moins ce que j’ai constaté dans les Landes où je bénéficie régulièrement de ce service et j’ai suivi en direct la dégradation de leurs conditions de travail sans que leur motivation en soit affectée. Elles étaient 4/5, elles ne sont plus que 2. De 8h sans pause, de jour comme de nuit, elles sont passées à 12h !
    Du coup elles interviennent moins dans la durée, 4 jours – 4 nuits au lieu de 5 et 5. Finies pour nous les escapades un peu lointaines…
    (Ce n’est peut-être pas anodin si le service en est à sa troisième responsable-coordinatrice.)
    Sur Bordeaux c’est pire, c’est une seule et même baluchonneuse qui reste au domicilie pendant 3 jours 2 nuits.

    On peut se poser la question de l’avenir de ce service.
    Il est lié à la volonté politique et tributaire des choix « économiques », autant dire que je ne sens rien de favorable dans les orientations du gouvernement en place qui ne rêve que de la privatisation du service public où la carte bancaire remplacera la carte Vital.
    C’est d’autant plus compliqué que si la volonté locale de maintenir ce service est manifeste, face à d’autres projets ambitieux l’arbitrage financier est difficile.

    Voilà pêle-mêle ce que votre question m’a donné envie d’en dire.
    Amicalement
    MB

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Retour en haut