Habitat adapté : analyse note du haut-commissariat au plan de 2023

L’habitat adapté, enjeu du siècle ? Si nous souhaitons répondre au vœu des citoyens de vieillir chez eux, carrément. Avec seulement 6% de ses 28 millions de logements adaptés ou adaptables, la France n’est pas prête à la vague grise.

En 2050, 4,8 millions de personnes auront plus de 85 ans (contre 2 millions aujourd’hui) et 6 millions auront entre 75 et 84 ans en 2030. Cela représente une augmentation de 47% entre 2020 et 2030. Le vieillissement de la population française est une véritable « révolution démographique ».

Une note sur l’habitat adapté

Face à cette forte hausse attendue du nombre de personnes âgées, le Haut-Commissariat au Plan a publié des projections pour différents habitats adaptés à l’horizon 2030-2050. Les seniors de demain doivent disposer d’une offre correspondant à leurs choix, qu’ils souhaitent rester chez eux, trouver un « nouveau chez eux » ou vivre en Ehpad.

Dans une note datée du 8 février 2023, élaborée avec le think tank Matières Grises, le Haut-Commissariat au Plan publie des projections concernant l’offre d’habitats adaptés en 2030-2050.

Autonomie ou dépendance : des besoins différents

Le rapport distingue deux catégories de seniors qui exigent des types d’habitat différents :

  • Les « 75-84 ans » connaissent les premières fragilités physiques, psychiques ou sociales et restent autonomes. Un logement classique est adapté.
  • Les « 85 ans et plus » perdent plus souvent leur autonomie, ce qui rend nécessaire l’hébergement en habitat alternatif ou en établissements d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes (Ehpad).

Pour les personnes valides mais fragiles, un logement adapté est suffisant, avec certains dispositifs permettant de faciliter les déplacements.

Toutefois, quand la dépendance s’installe, les rapporteurs proposent :

  • Le développement d’un habitat alternatif (résidences services seniors, résidences autonomies, habitats inclusifs, résidences intergénérationnelles) et le « déploiement massif de l’offre d’aide à domicile » pour les seniors modérément dépendants dont certains sont actuellement placés en Ehpad alors qu’ils n’en ont pas besoin ;
  • La création de places en Ehpad dès 2030 pour les seniors « sévèrement dépendants«  mais un Ehpad « réinventé« , plus ouvert sur l’extérieur.

Voir aussi : quelle est la différence entre autonomie et dépendance

Des inégalités entre les territoires

Le rapport souligne qu’ »On ne vieillit pas de la même façon sur tous les territoires« . Dans le Nord ou en Picardie, par exemple, la proportion de personnes âgées est faible et augmente lentement. En revanche, dans les grandes zones périurbaines ou les métropoles ayant une natalité dynamique et des populations jeunes, même si la proportion de personnes âgées est également faible, leur nombre augmente rapidement.

Au contraire, dans les zones rurales, les personnes âgées sont nombreuses mais leur nombre augmente lentement. Enfin, sur les littoraux atlantique et méditerranéen, le nombre de personnes âgées augmente fortement et leur proportion dans la population aussi.

Habitat adapté : les facteurs décisifs

La note présente les facteurs qui jouent un rôle dans le choix du lieu de vie des seniors :

  • Les structures familiales prédominantes : en Corse, la cohabitation entre générations au sein des foyers est importante, d’où des solutions de proximité ou intergénérationnelles ;
  • La densité de population : dans les départements peu urbanisés comme la Creuse ou le Cantal, les Éhpad sont plus nombreux que sur le reste du territoire et les habitats alternatifs peu présents ;
  • Le niveau de vie : les résidences autonomie et les résidences services seniors « classiques » ou sociales sont plus nombreuses dans les départements à revenus supérieurs à la moyenne nationale (tels que les Hauts-de-Seine ou les Alpes-Maritimes).

C’est pourquoi, les auteurs de la note jugent nécessaire d’évaluer les besoins des seniors à l’échelle communale et de planifier les offres d’hébergements au niveau départemental, en particulier dans le cadre d’un schéma départemental de la transition démographique.

Quelles offres pour répondre aux besoins d’adaptation de l’habitat ?

Le rapport identifie trois axes pour adapter l’habitat au vieillissement : le logement classique pour les personnes autonomes, l’habitat alternatif pour les fragiles et les Ehpad lorsque la dépendance s’installe.

Le premier volet suppose d’adapter les logements avec la massification de la Prime Adapt qui doit être lancée en 2024, mais également l’urbanisme, pour faciliter les déplacements des seniors qui n’ont pas de voiture.

Les auteurs estiment qu’il est rapidement nécessaire de développer les résidences seniors, destinées plutôt aux personnes « fragiles » mais pas encore dépendantes, car la génération des baby-boomers, qui est arrivée dans la tranche d’âge 75-84 ans depuis le début de la décennie, est plus attirée par ce format.

Pour les seniors modérément dépendants, les auteurs préconisent de développer « l’habitat alternatif » pour les territoires à faible niveau de vie ou peu peuplés afin de lutter contre l’isolement social ; ils évaluent les besoins entre 200 000 et 300 000 places supplémentaires d’ici 2050 en plus des 195 000 places existantes à ce jour. Actuellement, faute d’alternatives, des personnes âgées sont placées en Ehpad alors qu’elles n’en ont pas besoin, notent-ils. Ils préconisent également un « déploiement massif de l’offre d’aide à domicile ».

Selon le rapport, il faudrait également créer 60 000 places supplémentaires dans les Ehpad, soit 10% de plus que l’offre actuelle, ce qui revient à créer entre 400 et 800 nouveaux établissements.

« Changer le regard sur la vieillesse »

La création de places en Ehpad sera urgente pour les seniors dépendants à partir de 2030. Le rapport recommande que les Ehpad s’ouvrent davantage sur leur territoire en proposant des services à domicile et en offrant des consultations gériatriques aux non-résidents.

Aller plus loin : Les métiers du grand âge à horizon 2040

Le Haut-commissariat au Plan et Matières grises préconisent enfin de changer le regard sur la vieillesse et de faciliter le maintien en emploi des seniors.

Pour anticiper le vieillissement démographique, il est nécessaire d’améliorer l’offre de soins et de prévenir les maladies. Il est également important de coordonner les dispositifs à destination des seniors et de développer des plans d’aménagement et de mobilité locaux pour favoriser leur autonomie.

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