Qu’on l’attende avec impatience ou qu’on la redoute, la retraite, c’est un nouveau chapitre de la vie qui peut amener son lot d’inquiétudes. On passe d’un temps hyper structuré à une déstructuration totale de ses journées. Plus de contraintes, plus d’impératifs, et le sentiment de tourner en rond arrive vite.
Les premières semaines où ma mère est passée à la retraite, sont les semaines où j’ai mangé le plus de gâteaux. Tarte aux mirabelles, fondant au chocolat, baba au rhum… on sentait tous qu’il fallait qu’elle s’occupe les mains et l’esprit. Puis elle s’est inscrite à la fac en histoire de l’art, et on a eu les gâteaux du boulanger le dimanche.
L’âge est la première crainte de discrimination en entreprise
La question de l’âge en entreprise est la plus anxiogène autant pour les hommes que pour les femmes. Selon le baromètre national de perception de l’égalité des chances réalisé par l’institut TNS Kantar, cette inquiétude est partagée par 41% des personnes interrogées.
L’âgisme de la société et de l’entreprise ne permettent pas de créer un climat propice à l’anticipation de la retraite. Moins sollicités, les salariés qui approchent de la retraite vivent leurs dernières années en entreprise comme une déception. Et s’engouffrent dans la déprime une fois à la retraite. C’est d’autant plus courant pour la génération des baby-boomers qui, pour la plupart, ont réalisé 40 ans de carrière dans la même entreprise.
Naviguer entre les injonctions de la société et ses propres croyances pour se construire une retraite épanouissante n’est pas chose aisée.
L’entreprise peine à répondre aux besoins des seniors
Nous sommes donc allés à la rencontre de Petra Bleschke, créatrice d’un parcours 100% live pour guider et aider les futurs retraités.
Le parcours “le meilleur reste à venir” veut combler ce manque de l’entreprise pour que les salariés puissent mieux vivre leur fin de carrière et leur retraite. Pendant 6 mois, au cours de 12 rencontres, les participants suivent un cheminement intérieur pour identifier ce qui compte vraiment pour eux. Ils sont amenés à prendre conscience et à se libérer des injonctions normatives de la société pour découvrir le projet qui leur correspond vraiment.
Le parcours commence le 14 octobre 2021, mais pas de panique ! Les retardataires peuvent encore s’inscrire. Il reste quelques places
Rencontre avec Petra Bleschke
Est-ce que vous avez l’impression qu’il manque quelque chose dans l’entreprise aujourd’hui pour les personnes qui arrivent à la retraite ? Qu’est-ce qui vous a poussé à créer ce parcours ?
Ce qui m’a poussé à créer ce concept et de proposer plein de choses pour accompagner les personnes en fin de carrière, c’est d’abord mon propre âge (rire). Je m’approche aussi doucement de l’âge de la retraite et ça fait partie de mes propres préoccupations.
J’ai également observé, surtout dans les entreprises, qu’on est considéré comme vieux à partir de 55 ans, avec des conséquences graves. On n’est plus considéré comme expert. Du coup, on ne participe plus aux formations et on est aussi moins sollicité. Cela a un effet brutal, car nous accompagnons souvent des managers qui ont une super carrière pendant presque 40 ans et qui dépriment les dernières années.
Il y a deux positionnements qui me semblent intéressants. C’est d’abord ses propres croyances, on se trouve « vieux ». Et il y aussi ce que nous renvoie la société. L’entreprise renforce ce sentiment d’être vieux à 55 ans. Or, on n’est plus senior comme l’étaient nos grands-parents. On a gagné 20 ans de vitalité en plus. Donc il est temps de changer ce paradigme, ces croyances et stéréotypes.
Une fois que vous avez fait ce constat, comment avez-vous construit le parcours « Le meilleur reste à venir » ?
J’ai construit le même parcours pour le particulier et pour les entreprises. Parce qu’à la fin, la personne qui participe au parcours, c’est un particulier, c’est quelqu’un qui est là, qui se réjouit d’aller à la retraite et en même temps, il y a cette attitude « Mais à quoi je vais encore servir ? ».
Et j’ai observé que notre génération a vu l’exemple de nos parents qui étaient beaucoup dans l’action. Et le fait de ne rien faire, de réfléchir, de se poser, est un peu mal vu. On n’a pas ce réflexe.
Il m’est venu cette idée du parcours en ligne pendant les six mois en hiver, où on a moins envie de sortir (rire). On propose deux séances live par mois, une rencontre en ligne avec une communauté et des personnes qui se posent les mêmes questions.
L’idée c’est d’avoir cette régularité de se poser et réfléchir. De commencer un processus de questionnement. Mais aussi d’avoir la possibilité d’échanger avec les autres personnes pour enrichir ses perspectives et ses propres idées. Il y a deux semaines entre chaque live pour prendre le temps d’appliquer les conseils, ne pas se précipiter et prendre le temps pour réfléchir profondément.
Par quelles étapes passent les participants dans ces réflexions ?
Il y a 12 rencontres en live. Les 6 premières servent au développement personnel. On propose des exercices et surtout des modèles pour se rendre compte qu’on est souvent guidé par des stéréotypes, par notre éducation, notre cadre, et notre vision de la vie. Et c’est inconscient.
La première étape sert à prendre conscience de ses propres croyances, du cadre normatif de la société. On cherche à aller en profondeur pour apprendre à vivre en pleine conscience et en paix. Comprendre ce que la société attend de moi et ce que je souhaite réellement.
Quels sont les outils et exercices utilisés lors du parcours ?
Concrètement, les participants disposent d’un guide avec des questions qui les mènent au fur et à mesure à se comprendre. Hors des standards de la société, nous les amenons à identifier ce qu’ils veulent réellement. On met à disposition également une cartographie de vie. C’est un outil qui est évolutif dans le parcours et au-delà. On choisit, on crée vraiment sa cartographie parce qu’on vient de quelque part avec des expériences et des événements marquants de la vie.

Quelle est la deuxième étape du parcours ?
Dans la deuxième étape, on rentre dans le concret. Les coachs aident les participants à construire leurs objectifs de vie. Et ensuite quels sont les projets qui vont permettre de réaliser ces objectifs. Enfin, lors des derniers live, les participants établissent un plan d’action.
Par exemple, si on souhaite devenir professeur de yoga, la prochaine étape c’est de se former. Et donc on va chercher des solutions pour faire une formation. Peut-être qu’on peut utiliser son CPF. Enfin, on se rencontre tous en vrai lors d’une soirée dans un très beau château à Strasbourg pour faire la fête (rire). Mais surtout pour continuer cette aventure.
Qui sont les coachs et formateurs des sessions live ?
Tous les lives sont animés par des formateurs en binôme. Nous avons trois formateurs qui sont coachs depuis 20 ans et qui ont une grande expérience dans le monde du travail. Et il y a aussi des experts qui interviennent sur des thématiques. On a par exemple l’intervention d’une naturopathe et sophrologue, d’un médecin, d’un sociologue etc. Donc on s’intéresse à beaucoup de sujets connexes : découvrir sa personnalité, le bien-être, la nutrition, la santé etc.
Les projets qui naissent de ce parcours sont-ils plutôt personnels ou professionnels ?
Les prises de décisions peuvent être réellement dans tout le registre de tout ce qui est possible. Il y aura certainement des personnes qui verront plutôt la retraite comme une phase de ressourcement et qui décident avec conscience de rester dans la vie de retraité « classique ». Ils veulent apprendre à connaître leurs petits-enfants, ou ils veulent se rendre utiles pour un but commun et rejoignent ou créent une association. Il y a aussi souvent des projets de voyage.
Il y a d’autres personnes qui sont tentées par des projets professionnels. Cela dépend des personnalités, mais aussi de la situation familiale, par exemple s’ils n’ont pas d’enfants. J’ai rencontré justement une personne qui a créé après la retraite, une association pour aider les gens à trouver un travail en fin de carrière. Certains vont monter des projets, par exemple de gîtes ou chambres d’hôtes, de guide de voyage, retaper une ferme dans leur région natale etc… Il y en a d’autres qui vont s’inscrire à l’université pour étudier un sujet qui les a toujours passionnés. C’est très varié, mais l’essentiel c’est de faire un choix en fin de parcours, en pleine conscience.
Est-ce que vous sentez qu’il y a un besoin en entreprise de formation pour se préparer à la retraite ?
En entreprise, il commence à y avoir une prise de conscience. Il y a toute la génération de baby-boomers qui va partir en masse. Surtout que pour cette génération, la norme était de rester toute sa carrière dans la même entreprise.
On propose aux entreprises d’offrir ce parcours à leurs employés pour qu’ils puissent prendre le temps de réfléchir et donner un sens aux prochaines 20 années qui commencent. Savoir ce qu’il leur faut pour trouver l’équilibre entre repos et stimulation. Il faut anticiper la prochaine étape pour ne pas tomber dans ce trou de déprime qui est assez classique.
En entreprise, nous proposons aussi des ateliers plus courts pour sensibiliser les collaborateurs et pour accompagner les fins de carrière. Ils découvrent le goût et l’envie de transmettre leurs connaissances, leur savoir-être et leur savoir-faire.
A propos de Petra Bleschke
Je veux contribuer à changer les choses en créant et en aidant une communauté de + de 50 ans à mieux vivre leur fin de carrière en préparant leur retraite
Petra Bleschke

Après 15 ans dans le secteur de l’industrie, Petra devient formatrice en entreprise à 40 ans.
Elle développe une expertise en communication interpersonnelle, management, performance d’équipe et leadership.
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