zone bleue

Longévité : Le secret des zones bleues

Nous vivons de plus en plus longtemps. L’espérance de vie croit chaque année. Mon fils né en 2017 vivra probablement 100 ans. Nous ne sommes pas tous égaux face au vieillissement. Certains sont plus disposés que d’autres. N’est pas Jeanne Calment qui veut ! Il semblerait toutefois que certaines zones géographiques soient plus propices que d’autres à la longévité en bonne santé. La qualité de l’air, une alimentation saine, des liens familiaux forts et une vie sociale riche semblent être les caractéristiques communes à ces régions du globe. Découvertes il y a un vingtaine d’années par deux démographes européens, ces zones, au nombre de cinq sont éparpillées aux quatre coins du globe. On les appelle les zones bleues. Je vous propose d’y faire un petit tour. 

Quelle est l’histoire des zones bleues ?

L’histoire des zones bleues commence en Sardaigne.

Dans cette grande île Italienne sauvage située au sud de la Corse, deux démographes, le Français Michel Poulain et l’Italien Gianni Pes conduisent une étude sur la longévité particulièrement remarquable du peuple Sarde.

En analysant finement les données démographiques locales, les scientifiques découvrent que la longévité est meilleure à l’Est de l’île, plus particulièrement dans la zone montagneuse du centre littoral et encore plus particulièrement dans le canton de Villagrande. 

Michel Poulain et Gianni Pes réalisent une carte de la Sardaigne sur laquelle les zones de longévité sont représentées par des cercles concentriques en dégradé de bleu. L’épicentre, la zone de Villagrande est représentée par un cercle bleu profond.

L’équipe prend l’habitude de l’appeler zone bleue

Les démographes publient leurs travaux. L’ouvrage est repéré par une aventurier-reporter Canadien, Dan Buettener. Il réalise un reportage sur la zone bleue de Sardaigne qu’il publie dans le magazine National Geographic en 2005.

A la recherche de nouvelles zones bleues

L’article remporte un franc succès. Encouragé par cet engouement et lui-même enthousiasmé par le sujet, Dan Buettener lance de nouvelles recherches avec Gianni Pes et Michel Poulain pour trouver d’autres zones bleues.

L’étude prend plusieurs années. Au fil du temps, quatre nouvelles zones sont identifiées. 

Chacune des cinq zones bleues offre des avantages spécifiques à ses résidents : 

  1. La région de Barbagia en Sardaigne : une région montagneuse de l’est de l’île avec la plus forte concentration mondiale d’hommes centenaires.
  2. L’île d’Ikaria en Grèce : une île de la mer Egée avec le plus bas taux de maladies dégénératives et de démences.
  3. La péninsule de Nicoya au Costa Rica : la deuxième plus forte concentration d’hommes centenaires.
  4. La communauté religieuse d’Adventistes du septième jour de Loma Linda en Californie : Femmes et hommes vivent en moyenne dix ans de plus que les autres Nord Américains.
  5. L’île d’Okinawa au Japon : La région du monde où l’espérance de vie en bonne santé après 70 ans est la plus élevée, pour les femmes.

Dan Buettener s’est rendu dans chacune des zones pour essayer d’en percer les secrets. Ces voyages ont permis au Canadien de théoriser la longévité des résidents des zones bleues. Il a liste les neufs récurrences de ces régions du globe : 

Les caractéristiques des zones bleues :

  1. Une activité physique régulière mais modérée : les habitants des zones bleues se déplacent à pied, utilisent peu d’appareils électriques. Ils ont une vie active sans avoir nécessairement une activité sportive.
  2. Un lieu de vie sauvage, peu urbanisé, proche de la nature.
  3. Une vie peu stressante
  4. Une alimentation faiblement calorique.
  5. Un régime naturel, reposant essentiellement sur des produits agricoles peu transformés.
  6. Une consommation raisonnée d’alcool, notamment de vin : un peu mais pas trop
  7. Une vie spirituelle ou une pratique religieuse.
  8.  Une vie familiale intense.
  9. Une vie sociale, des relations de voisinage quotidiennes, des échanges.

Trois îles, une zone montagneuse et une communauté religieuse soudée. 

Exception faite de Loma Linda, installée dans une zone de fort peuplement et dont la cohésion repose sur la foi et la pratique religieuse de la communauté adventiste du septième jour qui a fondé la ville, toutes les zones bleues sont situées dans des régions pauvres et isolées.

  • Ces régions ont subi peu de colonisations, de migrations ou d’exodes.
  • Elles sont démographiquement stables, où l’économie repose sur une agriculture et un artisanat local, en circuit fermé.
  • Ce sont des régions où les liens familiaux et sociaux sont restés forts, dans une logique clanique et villageoise.

Le bénéfice des zones bleues est réservé à ses résidents

Inutile de programmer un séjour à Villagrande en mode cure thermale. Dix jours sur place ne suffiront pas à vous faire profiter des bénéfices du lieu. Ils sont réservés aux résidents. En effet, la qualité de vie dans les zones bleues tient beaucoup à la qualité des liens sociaux. 

Or ces communautés sont plutôt fermées et pas forcément très touristiques. 

En revanche, les recettes de longévité pourraient être exportées. Si l’on constitue des communautés qui puissent s’approprier les bonnes pratiques, pourrait-on créer de nouvelles zones bleues ?

Dan Buettener en est convaincu, il en a d’ailleurs fait son business !

Exporter le secret des zones bleues ? 

Capitalisant sur les découvertes faites par son équipe sur le terrain, Dan Buettener a élaboré une sorte de cahier des charges de la longévité. Selon lui, la longévité s’explique à 10% par les gènes et à 90% par le mode de vie. Le Canadien a donc essayé de transposer le mode de vie des zones bleues dans des villes américaines. Les résultats sont encourageants :

  • La longévité s’est améliorée,
  • L’obésité, les maladies cardio-vasculaires et les hospitalisations ont diminué,
  • Globalement, la santé des habitants s’est améliorée,
  • Les habitants ont tissé de nouveaux liens sociaux.

Dan Buettener et son équipe ont constaté que les usages favorisant la longévité sont bénéfiques pour tous les âges.

Tout le monde est donc gagnant à adopter ce mode de vie sain. A ce jour, près de dix villes américaines participent au programme.

S’ils peuvent le faire aux Etats-Unis, qu’est-ce qui nous empêcherait de le faire en France ?

Le secret des zones bleues c’est le lien social

« L’importance du lien social dans le bonheur a été prouvée à maintes reprises. Disposer d’une capacité à communiquer efficacement et plaisamment avec son prochain et avoir de bonnes compétences sociales améliore incontestablement le bien-être. »

Professeur Olivier de Ladoucette
Bien être et santé mentale : des atouts indispensables pour bien vieillir – 2011

Les interactions sociales sont l’un des meilleurs indicateurs de la durée de votre vie. 

Ce qui fait une personne âgée épanouie, ce n’est pas d’habiter dans son logement historique. Elle doit également avoir une vie sociale et des échanges avec ses proches. 

Comme je l’écrivais dans un précédent article, je pense que l’isolement est la cause racine de la perte d’autonomie

L’environnement social favorise l’inclusion de la personne âgée dans la société. Il lui permet de se sentir utile et valorisée. Les échanges riches avec les proches stimulent les fonctions cognitives. 

La vie sociale au sens large donne à une personne âgée une raison d’être, de sortir, de parler, de se cultiver, d’être curieuse et actrice du monde. 

Mais cette vie sociale, il faut l’entretenir, il faut la forcer un petit peu. 

Si nous voulons favoriser le bien vieillir et l’autonomie de la personne âgée, nous ne devrions pas nous demander où vieillir mais plutôt en compagnie de qui vieillir

Le véritable enjeu du bien vieillir n’est pas l’adaptation de son domicile au vieillissement, mais plutôt l’adaptation de son environnement social. 

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