Guillaume Desnoes

Guillaume Desnoës présente Alenvi

Faites connaissance avec Guillaume Desnoës, cofondateur de Alenvi. Interview réalisée en octobre 2018 à propos de la levée de fonds en Seed réalisée par Alenvi à cette époque (1,1 M€). On parle de la levée, de la vision des fondateurs et de leurs sources d’inspiration.

Guillaume Desnoës, co-fondateur de Alenvi pose devant le logo de son entreprise
Guillaume Desnoës

Développer des projets qui impactent positivement la société et la vie des gens c’est quelque chose qui me passionne depuis pas mal d’années.

Guillaume Desnoës
Fondateur de Alenvi

Interview exclusive de Guillaume Desnoës (Alenvi) par Alexandre Faure (Sweet Home)  

Alexandre Faure : Bonjour Guillaume, pour commencer, peux-tu expliquer aux lecteurs de Sweet Home ce qui t’as poussé à devenir entrepreneur social ?

Guilaume Desoës : Bonjour Alexandre. Alenvi n’est pas ma première aventure entrepreneuriale. Avant cela, j’ai créé une entreprise qui s’appelle Alvarum Elle fait de la collecte de fonds pour les associations caritatives.

Alvarum a lancé un événement qui s’appelle La course des héros qui chaque année mobilise 2,5 millions d’euros de dons pour des associations. Je m’en suis occupé de 2008 à 2014. Créer une entreprise pour créer une entreprise ne m’intéresse pas.

Ce que je cherche, c’est créer une entreprise pour avoir un impact positif sur la société et sur la vie des gens.

Les origines de Alenvi

Alexandre Faure : Qu’est-ce qui t’as amené à créer Alenvi ?

Guillaume Desnoës : L’accompagnement des personnes âgées et en perte d’autonomie, j’y ai été confronté à titre personnel dans mon cadre familial et je me suis rendu compte qu’il y a des manques.

J’ai rencontré des gens qui critiquent le fonctionnement du système dans son ensemble tel qu’il existait, ça m’a interpellé. Je me suis dit que c’est un peu paradoxal.

On dit partout que la population vieillit, que c’est un choc démographique et on entend souvent parler de silver économie. Cela devrait être l’occasion de créer des emplois, de créer un nouveau modèle.

Pourtant j’avais l’impression que ça n’était pas le cas dans mon expérience personnelle. J’ai ensuite fait des constats macroéconomiques concordant avec mon expérience personnelle lorsque j’ai commencé à réfléchir au problème avec mes amis cofondateurs d’Alenvi, Clément et Thibault. Ils ont travaillé dans le secteur des services.

Nous nous sommes rendu compte que le secteur de l’aide à domicile a besoin d’innovation mais il ne semble pas y avoir tant d’innovateurs que ça !

Nous pensions qu’il y aurait de la place pour de nouveaux innovateurs qui ne connaissent pas le marché mais qui ont de l’énergie et de l’envie. C’est ce constat qui nous a amenés à nous intéresser au secteur puis à fonder Alenvi. Plus nous nous y intéressions, plus nous nous forgions une vraie opinion.

Les limites du système actuel

Alexandre Faure : Qu’avez-vous constaté ?

Guillaume Desnoës : Nos rencontres avec des professionnels du secteur (auxiliaires de vie, dirigeants de structures associatives ou lucratives) nous ont fait prendre conscience que le secteur de l’accompagnement à domicile des personnes âgées a été construit dans les dernières décennies sur des bases très tayloristes.

Face à l’augmentation du besoin les organismes ont appliqué des logiques d’usine à un métier qui est à 99% humain.

C’est cette approche qui conduit aujourd’hui à une grande souffrance de beaucoup d’acteurs. 

Approche tayloriste des services à la personne

Alexandre Faure : Comment l’approche tayloriste a-t-elle été appliquée aux métiers de l’aide à domicile ?

Guillaume Desnoës : L’approche tayloriste impacte les métiers de l’aide à la personne âgée de trois manières :

  • Les coûts variables sont maîtrisés. Dans l’aide à domicile, c’est l’humain. Dans ce secteur, les employés sont au SMIC, à 70% à temps partiel et ces conditions de travail sont subies.
  • L’activité est standardisée. Pour pouvoir produire efficacement il faut standardiser l’output, c’est-à-dire ce qui sort de l’usine. Dans le secteur de l’aide à la personne, la standardisation a conduit à des formations centrées sur le savoir-faire et assez enfermant. On dit aux gens aujourd’hui : « si une personne a la maladie d’Alzheimer vous ne commencez pas la toilette par la tête, si elle n’a pas la maladie d’Alzheimer, vous pouvez commencer la toilette par la tête ». On leur dit « situation A action B, situation C action D ». On nie le libre arbitre de la personne et on occulte la dimension savoir être relationnel qui est fondamental dans l’accompagnement.
  • Les processus sont contrôlés. Pour y parvenir, les organismes ont construit des structures humaines pyramidales. Des gens dans les bureaux décident pour le compte des auxiliaires de vie, qui doit aller chez monsieur X ou madame Y. Ce sont eux qui gèrent la relation avec les familles. Les auxiliaires de vie le perçoivent comme une énorme dissonance. Quand on vous confie une personne vulnérable, la responsabilité et le pouvoir sont immenses mais l’organisation qui vous emploie vous considère comme un simple exécutant. Il y a donc un paradoxe presque originel dans la manière dont beaucoup de structures sont construites, ce qui donne lieu en permanence à des injonctions contradictoires et de la souffrance pour les auxiliaires de vie.

Alexandre Faure : Vos observations de terrain vous ont-elle aidé à comprendre pourquoi les organismes restent bloqués sur ce mode d’organisation contre-intuitif ?

Guillaume Desnoës : Toutes les structures ne sont pas organisées comme cela. Ce serait prétentieux de dire que tout fonctionne mal, ce n’est pas le cas.

Au niveau local, beaucoup d’organismes font un boulot formidable, mais dès qu’on passe à grande échelle, dès qu’on cherche à réaliser les nécessaires économies d’échelle, indispensables à la survie du secteur, à chaque fois qu’on crée des réseaux, on rentre dans ces logiques tayloristes.

Toutefois, même dans ces réseaux, beaucoup de gens aimeraient changer l’organisation.

Alenvi veut être un acteur de ce changement.

Pour cela, nous faisons de l’acculturation. Des associations qui ont plusieurs centaines ou milliers de salariés viennent voir comment Alenvi est organisé parce qu’elles veulent modifier leur organisation. Nous nous considérons juste comme un des acteurs d’un mouvement qui est en marche. Des organisations se sont déjà modifiées, par exemple Vivat dans le Nord ainsi que  des franchisés Adhap à Rouen. Nous sommes réunis au sein d’un collectif dont l’objectif est d’impulser et accélérer le changement dans le secteur. Il s’appelle « L’humain d’abord ». Nous nous inspirons du travail réalisé par Jos de Block aux Pays-Bas avec Buurtzorg.

Alenvi paye mieux que la concurrence

Alexandre Faure : Est-ce la raison pour laquelle vous payez vos auxiliaires de vie à 115% du SMIC alors que le reste de la profession les plafonne quasiment au SMIC ?

Guillaume Desnoës : Il y a un enjeu pour le secteur qui est d’arriver à fournir un travail stable, épanouissant et des perspectives d’évolution à des centaines de milliers d’auxiliaires de vie dans le cadre du tarif APA, qui est celui payé par les départements et qu’une partie majoritaire de la population a du mal à dépasser.

Pourtant, les sociétés d’aide à domicile disent que l’heure prestée leur revient 3 euros plus cher que le tarif APA.

En améliorant les conditions de vie de notre personnel, nous essayons de montrer aux pouvoirs publics que s’ils mettent plus d’argent public dans le système ils peuvent enclencher des cercles vertueux et pas des cercles vicieux.

Prenons la situation actuelle : pourquoi continuer à dépenser de l’argent public dans un système pour aider des personnes âgées vulnérables, où il y a des dizaines de milliers d’emplois qui sont eux-mêmes précaires qui créent de la vulnérabilité chez les gens qui les occupent, on crée un nouveau problème social en voulant en régler un ?

Si nous arrivons à montrer qu’en mettant des euros supplémentaires dans le tarif APA, donc dans le salaire des auxiliaires de vie : 

  • On a des professionnelles qui ont un cadre stable, épanouissant,
  • Qui ont une vie plus stable et autour d’elles créent des externalités positives.
  • Qui accompagnement des personnes âgées et des aidants familiaux d’une manière humaine,
  • Recréent du lien,
  • Évitent des coûts additionnels d’hospitalisation des personnes âgées,
  • Évitent des coûts d’absentéisme ou d’épuisement des aidants familiaux.

On se rend compte que le coût de mal payer les auxiliaires de vie est plus élevé que le coût de les payer correctement.

Alexandre Faure : Comment faites-vous pour équilibrer vos résultats avec un salaire plus élevé alors que vos concurrents peinent parfois à y parvenir en payant leur personnel au SMIC ?

Guillaume Desnoës : Nous avons 40% de prise en charge de l’APA et une prestation hebdomadaire moyenne de dix heures d’intervention à domicile par client. Nous appliquons une double dégressivité. Notre tarif de base est à 26 euros de l’heure, mais il diminue en fonction du nombre d’heures utilisées et du montant du ticket modérateur APA du bénéficiaire. Nous veillons à ce qu’un bénéficiaire qui a un ticket modérateur APA nul n’ait pas de reste à charge sur les heures consommées ni dans le plan d’aide, ni au-delà.

Notre objectif à moyen terme est bien plus ambitieux. En effet, dans le cadre de la récente levée de fonds que nous avons réalisée avec Phitrust, nous avons ajouté un objectif d’impact social à notre pacte d’actionnaire. L’objectif est d’avoir 40% de nos bénéficiaires avec un ticket modérateur APA compris entre zéro et 50%.

Nous cherchons à montrer qu’on peut être une entreprise commerciale et appliquer un tarif social.

Sur le marché actuellement, il y a des associations qui ne pratiquent que du tarif APA et qui sont souvent exsangues financièrement et à l’opposé, des organismes privés commerciaux qui parfois fuient le tarif APA et pratiquent du reste à charge systématique . Cette dichotomie engendre un système à deux vitesses qui n’est pas socialement souhaitable.

Alenvi, entreprise de l’ESS

Alexandre Faure : Alenvi est une entreprise commerciale dotée de l’agrément ESUS. Votre statut d’entrepreneur commercial impacte-t-il vos relations avec le secteur public et associatif ?

Guillaume Desnoës : Non. Après, c’est sûr qu’il y a parfois deux mondes qui se connaissent mal entre le public, l’associatif d’un côté et le privé de l’autre. On a un bon accueil du secteur public qu’on pourrait penser fermé. Nous sommes servis par un élan important de communication et de gages donnés par les pouvoirs publics sur le social business. Aujourd’hui l’écosystème bénéficie de l’aura du Haut-Commissaire à l’ESS nommé par Nicolas Hulot et en région Ile-de-France, Valérie Pecresse a lancé une initiative en faveur du social business. Je pense qu’aujourd’hui la troisième voie de l’entreprise sociale est promue par beaucoup de gens et cela sert plutôt Alenvi.

Nous croyons beaucoup à cette troisième voie.

Nous ne sommes pas des dogmatiques de l’ESS mais quand on y réfléchit cela parait assez dingue d’être une entreprise dans ce secteur sans avoir l’impact social comme objectif prioritaire sur le même plan que le profit.

Une levée de fonds, pour quoi faire ?

Alexandre Faure : Revenons à votre récente levée de fonds de 1,1 million d’euros. Comment avez-vous fait pour réussir cette spectaculaire levée ?

Guillaume Desnoës : Pour vous permettre de mieux comprendre, j’aimerais revenir à la genèse de Alenvi. Pendant un an et demi, nous avons cherché à créer un pilote du modèle. Nous avons développé les premières communautés à Paris en faisant le métier nous-même. Nous avons mis un peu de fonds à titre personnel et reçu des financements sous forme de subventions ou de prêts. Nous avons été accompagnés par plusieurs organismes : BNP Paribas, BPI, le réseau Entreprendre.

C’est intéressant de savoir que quand on lance des initiatives dans ce domaine ou peut trouver des financements avant même de pouvoir intéresser des investisseurs.

Nous nous sommes structurés en tant qu’entreprise sociale en cours de route. Alenvi ne s’est pas créé avec des statuts ESS ni avec un tarif social.

Au début, pragmatiques, nous souhaitions juste tester un modèle d’organisation. La première année nous l’avons surtout testé auprès de bénéficiaires CSP+ de l’Ouest Parisien. Nous étions convaincus que si ces clients ne sont pas capables de le payer, de valoriser la différence de qualité, nous n’y arriverions pas non plus sur des territoires moins privilégiés. Cette expérience a été concluante et ce premier succès nous a décidés à voir les choses à grande échelle. C’est à partir de ce moment-là que nous avons pris la décision de mixer l’intérêt général et celui des actionnaires de manière équilibrée d’où le choix du statut ESS et de l’agrément ESUS.

Pour préparer la levée de fonds, nous avons fait une étude d’impact prospective. Ce travail a intéressé les fonds. Cela a été une bonne manière de chiffrer. Les investisseurs sont très chiffre ! Pouvoir chiffrer l’impact qu’on peut produire, c’est un conseil que je suis amené à donner à des entrepreneurs qui sont au stade d’avant et qui se demandent comment faire pour intéresser les investisseurs.
Ensuite nous avons établi un business plan, rencontré des fonds d’impact et des business Angels et obtenu le montant demandé.

Alexandre Faure : Qu’allez-vous faire de cet apport ?

Guillaume Desnoës : Nous souhaitons investir dans trois domaines :

Premièrement : nous allons développer notre activité d’opérateur d’aide à domicile. Cela engendre des coûts dans les fonctions support, pour développer de nouvelles communautés et des coûts de marketing pour faire connaître Alenvi.

Deuxièmement : nous investissons dans la formation. Nous avons créé un organisme de formation qui va proposer des cursus de formation à l’ensemble des auxiliaires de vie salariés de structure ou indépendantes. Le cursus sera un mix d’e-learning et de présentiel. Ce sont des formations très pragmatiques centrées sur le savoir être.

  • Par exemple dans des situations d’accompagnement de personnes avec des troubles cognitifs.
  • Également le savoir être dans sa posture d’auxiliaire, la collaboration avec les familles, avec ses collègues.

On pense vraiment que c’est un manque important sur le secteur, ça va être une nouvelle activité pour Alenvi.

Troisièmement : Nous investissons dans le développement de technologies collaboratives pour faciliter le travail des communautés d’auxiliaires d’envie au quotidien.

Ce qui fait la différence chez Alenvi

Alexandre Faure : Vous ne semblez pas confrontés aux difficultés de recrutement d’auxiliaires de vie, est-ce uniquement lié à votre stratégie de salaire supérieur ou bien d’autres éléments entrent en ligne de compte ?

Guillaume Desnoës : Le salaire n’est pas le seul moteur de motivation. Le plus c’est tout simplement le fonctionnement d’Alenvi.

Le fait qu’on propose un cadre de travail radicalement différent de ce qu’ils peuvent trouver ailleurs. Travailler en équipe avec ses collègues. Avoir une autonomie sur la gestion du planning et la relation avec les familles. Pouvoir travailler à temps plein. Pouvoir consacrer une partie de son temps de travail à d’autres tâches qu’auxiliaire de vie. Se développer professionnellement. Cela attire des profils qui ne postulent pas dans les autres structures.

Le mot auxiliaire d’envie suffit à susciter l’intérêt. On est assez frappé du nombre de gens qui avaient la fibre pour ce métier mais qui en sont dégoûtés et qui choisissent de faire un autre métier, de devenir vendeur ou autre…

Alexandre Faure : Comment ces auxiliaires de vie expliquent-elles leur désintérêt pour la profession ?

Guillaume Desnoës : Généralement c’est le fait de ne pas pouvoir bien accompagner les personnes.

Quand vous faites ce métier, c’est pour accompagner des gens en donnant une partie de vous. Si vous êtes dans un schéma où on ne vous laisse pas assez de temps, on recrute des gens qui ne partagent pas votre passion et vous avez l’impression que les personnes que vous essayez d’accompagner sont mal accompagnées, du coup vous pensez que les injonctions qu’on vous donne ne correspondent pas à ce qu’il faut faire, c’est très mal vécu.

Ce que j’ai le plus entendu en entretien de recrutement, c’est l’histoire de « je suis resté dix minutes de plus chez un bénéficiaire parce qu’il avait besoin de moi et je savais que celui d’après pouvait attendre, en tant que pro de terrain j’avais cette estimation et je me fais taper sur les doigts parce que la pointeuse indique dix minutes de retard ».

Un autre problème souvent évoqué c’est l’isolement des auxiliaires de vie. Vous travaillez dans une entreprise mais vous n’avez même pas le droit d’avoir les coordonnées de vos collègues qui travaillent chez les mêmes bénéficiaires que vous. Vous vous retrouvez à vous engueuler via cahier de liaison interposé avec des gens que vous ne connaissez pas, ça. Je ne l’invente pas, ce sont des choses qu’on entend tous les jours quand on rencontre des auxiliaires de vie.

Nous essayons de faire des passages un peu plus longs chez les personnes âgées. Le fait de passer en coup de vent, de ne pas avoir le temps d’accompagner correctement les gens, ça frustre beaucoup de professionnels.

Qui doit payer pour la dépendance ?

Alexandre Faure : Penses-tu que la dépendance doit être une affaire d’Etat au niveau de son financement, son incitation à la couverture complémentaire ?

J’ai l’impression qu’à partir du moment où la santé reste quelque chose de couvert, il serait naturel que la dépendance devienne un pilier de la sécurité sociale.

Je trouve le système actuel absurde. Une maladie très grave, le traitement dans les deux dernières semaines de ta vie peut coûter énormément d’argent à la collectivité mais ce n’est pas condamnable en soi, mais il y a un décalage entre l’argent qu’on dépense en traitements et celui qu’on ne dépense pas en accompagnement des maladies neuro-dégénératives qui durent très longtemps. Si on prend le budget de l’APA vs la sécurité sociale, c’est assez faible.

En mettant tout dans la même enveloppe, ça permettrait de voir les équilibres. En accompagnant correctement les gens atteints d’une maladie neuro-dégénérative, on peut créer une vraie économie en France tout en accompagnant les gens de manière humaine et en résolvant un vrai problème social.

En France, on est très bien couvert sur plein de sujets, on devrait aussi l’être de ce côté-là. J’ai l’impression que si on en fait une affaire privée, le niveau de couverture ne sera jamais satisfaisant pour tout le monde.

Alexandre Faure : Le manque de réflexes préventifs est souvent pointé du doigt, à quoi est-ce dû selon toi ?

Je pense que c’est un problème culturel et que c’est aux pouvoirs publics de faire changer le paradigme. Ceux qui ont le plus intérêt à changer cette culture sont ceux qui couvriraient ces risques. C’est l’Etat qui te dit de ne pas fumer car c’est lui qui va payer ton cancer du poumon. C’est l’Etat qui est défaillant là-dessus. Il essaye mais il n’a pas trouvé la bonne formule pour inciter les gens. Est-ce que les freins culturels sont trop forts ?

C’est tellement compliqué de savoir à qui s’adresser quand on est en perte d’autonomie, il y aurait un gros boulot de simplification.

Alexandre Faure : Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour favoriser le maintien à domicile de toutes les personnes qui veulent y rester ?

Guillaume Desnoës : Le sujet c’est celui de l’isolement. C’est le graal qu’on vise.

L’auxiliaire de vie, notre objectif c’est de l’aider à être ce qu’elle a envie d’être, une professionnelle de la création de bien.

Pour ça il faut déjà qu’elle ou lui dans son travail soit à même d’avoir du lien, d’être en collectif, d’être dans la bonne posture de savoir être, qu’elle puisse créer un lien fort avec le bénéficiaire et la famille.

Le graal, c’est des personnes qui soient en mesure de mettre à leur agenda l’entretien de l’écosystème autour de la personne âgée.

L’écosystème professionnel et informel. Tout l’écosystème qui va se créer autour de la personne âgée. L’auxiliaire de vie ne va pas le faire seule. Pour pouvoir adresser cette problématique, en tant que professionnel, vous n’avez pas à gérer les problèmes de votre vie, de votre organisation, vous pouvez prendre le temps nécessaire pour aller plus loin.

Par exemple, créer du lien avec la voisine. Il y a plein d’initiatives dans ce sens, on n’est pas les seuls. Mais la seule personne qui va être au cœur de ça, c’est la personne qui vient tous les jours, c’est l’auxiliaire de vie. C’est complexe mais pour reprendre la logique Buurtzorg, ils ont vachement développé ça. Ils ont une théorie qui s’appelle la théorie de l’oignon, la théorie des cercles d’écosystème autour de la personne et l’autonomie a permis à ce que les infirmiers de Buurtzorg aient une vision holistique du patient. Ils sont dans une logique d’accompagnement global et pas seulement le curatif, le soin.

C’est là où tous les acteurs peuvent se mettre ensemble et avoir cette exigence de cohérence.

On ne peut pas avoir de grands discours sur les personnes âgées et leur bien être et ne pas s’intéresser à l’impact humain sur les gens qu’on emploie.

C’est le nouveau paradigme dans lequel il faut tous se mettre dans le secteur et ça peut bouger. Il faut juste regarder les choses autrement.

Guillaume Desnoës

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