Habitat communautaire pour seniors : trois illustrations pour comprendre

L’habitat communautaire pour personne âgées est une réponse à l’adversité de notre monde moderne.

Livrées à elles-même dans un environnement que l’âge rend hostile, certaines personnes âgées choisissent de se regrouper pour vieillir ensemble.

Le modèle unique, institutionnel, de maison de retraite collective a vécu. Aujourd’hui en France, nous avons la chance de disposer de plusieurs solutions alternatives :

  • Systèmes qui vous permettent de rester vivre dans votre résidence historique,
  • Facilité juridiques pour organiser des cohabitations dans des logements privés,
  • Logements collectifs en village ou en résidence, avec ou sans animation, à vocation sociale ou non, en France ou à l’étranger…

Si vous ne restez pas dans votre logement, par exemple en décidant d’emménager dans une résidence pour personnes âgées, vous devez vous adapter à l’organisation voulue par ses fondateurs et aux règles de vie des résidents.

Ce modèle peut être plus séduisant que l’EHPAD, hébergement médicalisé pour les personnes âgées dépendantes. Cette institution n’est pas une alternative très séduisante pour une personne âgée non dépendante qui recherche surtout la proximité et les contacts que sa maison individuelle ne peut plus lui offrir.

C’est en réponse à ces situations que des projets d’habitats communautaires voient actuellement le jour.

Article mis à jour le 18 décembre 2020

Qu’est-ce qu’un habitat communautaire ?

Le terme n’a pas de définition légale stricte, c’est d’ailleurs plutôt une tendance qu’une réelle catégorie. Les exemples sont encore rares. On peut décrire l’habitat communautaire comme un logement collectif dont les résidents sont réunis par des convictions. Cela peut être :

  • Des valeurs,
  • Une même religion,
  • Un mode de vie,
  • Une origine ethnique,
  • Une nationalité commune…

Point important : tous les habitats communautaires sont des initiatives privées. Pour mieux comprendre le concept, je vous décline quatre projets d’habitat communautaires, construits ou annoncés en France (j’en ai rajouté un lors de la mise à jour de cet article).

Un habitat communautaire LGBTI

Ce projet est porté par Stéphane Sauvé. Son objectif est la construction de la première maison de la diversité, une résidence pour personnes âgées LGBTI (Lesbienne, Gay, Bi, Trans et Intersexe) et LGBTI Friendly. Oui, la France de 2018 est peut-être plus tolérante à l’égard des LGBTI, ce n’est pas facile tous les jours pour tout le monde, notamment pour les personnes âgées LGBTI.

Stéphane Sauvé m’a raconté de tristes anecdotes. Des personnes âgées isolées qui n’osent plus sortir de chez elles pour faire des rencontres. De personnes âgées en institution qui cachent leur sexualité et s’inventent un passé hétérosexuel. Des situations difficiles qui pourraient être évitées dans un environnement amical et compréhensif. Par exemple, dans un habitat communautaires pour LGBTI.

Dans le dernier article que nous lui avons consacré, nous revenons sur le parcours de Stéphane Sauvé et nous faisons un état des lieux sur les besoins actuels de Rainbold Society : trouver un foncier pour s’établir. Lire l’article : l’histoire extraordinaire d’un homme ordinaire.

Un habitat communautaire catholique

Je vous ai présenté Vivre en Béguinage dans un article détaillant le concept du béguinage et les projets de cette dynamique jeune entreprise. Les béguinages de Vivre en Béguinage ont une vocation oecuménique : les fondateurs sont convaincus des bienfaits de la spiritualité pour les personnes âgées. C’est pourquoi chaque béguinage possède une salle de culte où les béguins et béguines peuvent pratiquer librement leur foi.

Tous les béguinages pour retraités n’ont pas la même vocation. Les établissements construits par des offices HLM dans le Nord et l’Est de la France sont des résidence résolument laïques qui prennent le nom de béguinage en raison de leur ancrage géographique.

Chez Vivre en Béguinage, la pratique spirituelle occupe une part importante du projet de vie des résidents. C’est le ciment de leur projet communautaire.

Un projet pour les retraités chinois vivant en France

Je l’ai appris récemment par un ami chinois : un entrepreneur Chinois spécialisé dans les résidences pour personnes âgées a passé un accord avec l’Association des Chinois résidant en France. Le but de cet accord est la construction d’une résidence pour les retraités chinois résidant en France.

La diaspora Chinoise de France est la plus importante d’Europe : il y a 700 000 Chinois vivant en France aujourd’hui dont 100 000 retraités. 80 pourcents des Chinois de France résident en Ile-de-France.

Or, une part significative des 100 000 retraités Chinois ne parle pas bien (ou pas du tout) le français et vit selon les us et coutumes Chinois.

Il est donc difficile, voire impossible à ces personnes de bien vieillir dans des résidences pour seniors fonctionnant sur le modèle français. D’où l’idée de leur créer une résidence dédiée.

En effet, certains Chinois retournent vivre leur vieux jours en Chine, mais beaucoup choisissent de rester en France. Devraient-ils pour autant se contraindre à une résidence française ?

Une coopérative d’habitants pour retraités à côté de Lyon

Il était une fois un groupe d’amis qui, leur retraite venue, décida de se construire un nid douillet et collectif pour vivre ensemble une retraite communautaire et paisible.

L’histoire des retraités de Chamarel pourrait démarrer ainsi. C’est à peu près ce qui s’est passé. Aujourd’hui, Chamerel est un habitat communautaire pour des retraités militants.

Militants ?

Oui, à mon avis, ce qui rassemble les foyers vivant à Chamarel, c’est une vision partagée de la retraite et un rejet unanime de sa marchandisation.
Pour y répondre, ils ont choisi un mode de gouvernance coopératif qui empêche toute spéculation immobilière.

Comment marche Chamarel

  • L’immeuble a été découpé en lots,
  • Chaque lot a un prix,
  • Le prix des lots est fixe, il ne varie pas dans le temps,
  • Chaque occupant possède le même nombre de lots,
  • Lorsqu’un occupant quitte Chamarel, il revend ses lots au collectif au prix d’achat,
  • Le collectif choisit un nouvel occupant et lui vend les lots matérialisant son appartenance au collectif.

Les lots donnent également un droit de vote à l’occupant. En effet, toutes les décisions du collectif sont portées aux voix et rien ne se décide autrement. Ce qui représente l’aboutissement de la démocratie pour les résidents de Chamarel mais aussi une contrainte forte pour quiconque n’attache pas autant d’importance à la gouvernance du collectif.

C’est là aussi ce qui caractérise Chamarel, une forme de militantisme très engagé. Les habitants l’affirment haut et fort.

Je vous invite à les découvrir dans ce reportage audio France Inter du 18 mai 2019. Plusieurs résidents de Chamarel y répondent aux questions des journalistes. Je trouve cet extrait très révélateur de l’esprit communautaire des occupants du lieu.

Pour aller plus loin, vous apprécierez également mon interview d’une des fondatrices de Chamarel. Dans cet article publié sur Sweet Home, je vous donne aussi des éclairages sur le mode de création d’un collectif d’habitant en présentant Habicoop, une structure dédiée à l’accompagnement de ce type de projet.

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2 réflexions sur “Habitat communautaire pour seniors : trois illustrations pour comprendre”

  1. Cet article m’a été utile. Cependant, est-ce une bonne idée de réunir des Chinois dans un « ghetto » ? L’idée de pouvoir vieillir sans parler le français encourage les Chinois à ne pas chercher le contact et donc ne pas apprendre la langue. Les Chinois doivent plutôt se mélanger à des Français de convictions similaires, il y en a sûrement. J’ai vécu à Londres et à l’Institut français, on entendait surtout des critiques des « indigènes », c’est-à-dire les Britanniques. C’est de cette façon qu’on cultive le racisme, je crois. Toutes nos paroles voyagent et atteignent leur but.

    1. Alexandre Faure

      Bonsoir, je vous remercie pour votre contribution. La question de l’habitat communautaire soulève souvent des réserves quant au modèle « ghetto ». Pour mieux comprendre l’état d’esprit des porteurs de ces projets, je vous recommande l’interview de Stéphane Sauvé (https://sweet-home.info/habitat-inclusif/maison-de-la-diversite-habitat-inclusif-seniors-lgbt/). Il est porteur d’un projet de résidence de retraite pour seniors LGBT et son argumentation sur le volet communautaire est très éclairante.

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