Les résultats de la concertation grand âge et autonomie ont été rendus publics en fin de semaine dernière.
Cet article vous aide à comprendre le contexte, les enjeux et les limites de cette enquête d’opinion orchestrée par l’Etat dans le cadre de la préparation de la future loi Grand Age et Autonomie.
La raison de la concertation grand âge et autonomie
Depuis un peu plus d’un an, l’opinion publique se mobiliser pour protester contre les conditions de prise en charge des personnes âgées en perte d’autonomie, à domicile et surtout en EHPAD.
La situation des aidants professionnels et familiaux fait également débat.
- Les aidants professionnels : mal payés, mal aimé et malmenés.
- Les aidants familiaux : épuisés, isolés et incompris.
Les personnes âgées, de plus en plus nombreuses et de plus en plus âgées réclament quant à elles une prise en charge plus importante de la dépendance, notamment grâce au fameux cinquième risque de la sécurité sociale.
Le Président de la République Emmanuel Macron a donc réclamé à son Premier Ministre un projet de loi Grand Age et Autonomie pour 2019.
La ministre de la santé Agnès Buzyn a souhaité prendre la température du grand public avant de lancer les travaux de l’Etat.
La concertation Grand Age et Autonomie, c’est le « sondage d’opinion » organisé par l’Etat en préalable aux travaux sur la future loi pour l’autonomie des personnes âgées, dite aussi « loi dépendance ».
Cette enquête publique a été organisée sur la plateforme de consultation citoyenne Make.org pendant l’automne 2018.
La mobilisation a été particulièrement importante puisque la consultation a enregistré 1 700 000 votes sur les 18 400 propositions faites par les 415 000 participants.
Les priorités retenues par les participant sont assez prévisibles. Elles posent plus de problèmes qu’elles ne proposent de solutions.
La liste détaillée des propositions
- Renforcer le maintien à domicile des personnes âgées,
- Améliorer la qualité d’accueil des personnes âgées en établissement spécialisé,
- Mieux accompagner les proches aidants,
- Améliorer les conditions de travail des aidants professionnels,
- Réduire le coût de la prise en charge de la perte d’autonomie,
- Faciliter l’accès à la santé des personnes âgées,
- Développer des lieux de vie alternatifs et intergénérationnels
Rien de bien nouveau sous le soleil. La montagne accouche d’une souris. Tout cela est déjà bien connu et identifié.
A l’instar de tous les classements annuels obtenus par sondage d’opinion, comme par exemple « les personnalité préférées des français », le résultat est fortement influencé par l’actualité et la médiatisation des sujets.
Opinion influencée ?
- Les trois premières propositions sont éminemment liées à l’Ehpad Bashing,
- La quatrième aux communications très nombreuses sur la situation des proches aidants,
- La cinquième au serpent de mer du cinquième risque,
- La sixième au débat actuel sur le zéro reste à charge,
- La septième porte en elle l’espoir qu’un modèle d’habitat inclusif et associatif fasse un jour contrepoids à une offre commerciale dominante.
La concertation Grand Age et Autonomie pèche par omission :
- La maladie d’Alzheimer et les maladies associées soient absentes du classement,
- Les solutions technologiques, la domotique, la robotique sont également passées sous silence,
- Six des sept points portent sur la prise en charge des personnes âgées en perte d’autonomie. Or la perte d’autonomie concerne seulement 7% des seniors. L’adaptation de la société au vieillissement, ce n’est pas uniquement l’adaptation à la dépendance !
- Mais le principal handicap de cette liste au Père Noël, c’est de poser des questions, mettre des problèmes en lumière, mais ne pas vraiment aborder les solutions envisageables.
Cette consultation ne fait pas avancer le schmilblick. A suivre l’opinion des participants, on apportera quelques cautères sur la jambe de bois de la prise en charge actuelle du vieillissement alors que ce à quoi nous devons oeuvrer, c’est un véritable changement de paradigme.
La concertation grand âge et autonomie : Trop de pourquoi et pas assez de comment.
Quelle portée aura la concertation Grand Age et Autonomie ?
On peut supposer que l’Etat bosse déjà sur le sujet. Une loi ne se fabrique pas à l’arrache en six mois.
Et puis, le public peut avoir son avis, mais il y a aussi pas mal de professionnels qui ont leur mot à dire. Enfin, la loi reposant notamment sur la création d’un cinquième risque de la sécurité sociale, déjà envisagé en 2011, les parties prenantes concernées ont également plus d’un mot à dire.
En bref, à mon avis :
La concertation citoyenne Grand Age et Autonomie aura probablement un impact sur la communication de l’Etat mais sans doutes peu d’incidences sur le contenu de la loi.
Vous avez aimé cet article ? Vous avez appris des choses ?
Savez-vous que je publie une nouvelle analyse chaque semaine ?
En la lisant, vous prendrez de l’avance sur vos concurrents sans avoir à réaliser une veille fastidieuse, puisque nous la ferons pour vous !
Pour bénéficier de mes analyses, rejoignez les 2000 professionnels abonnés à ma liste de diffusion exclusive en inscrivant votre e-mail ci-dessous.
Ou… découvrez les derniers numéros de Longévité en visitant cette page de présentation.