Le rapport Broussy est un travail préparatoire à la loi Grand Age consacré à l’adaptation du logement et à l’habitat inclusif.
On ne répétera jamais assez que le vieillissement de la population va provoquer un bouleversement inédit, brutal et généralisé de nos sociétés. Dans les 25 prochaines années, la part de citoyens âgés de plus de 75 ans va augmenter dans des proportions importantes tandis que la natalité ralentira. Le ciseau démographique va engendrer un vieillissement global de notre population, en France et dans le monde. Tous les équilibres actuels en seront bouleversés et bien malin qui pourrait prédire une inversion des courbes.
Pour l’heure, nous devons préparer nos enfants à vivre dans un monde de vieux, où l’on vit très vieux et – espérons-le – en meilleure santé.
Vieillir en bonne santé ?
Si nous gagnons en moyenne 3 jours d’espérance de vie par semaine, l’espérance de vie sans incapacités tend à stagner – voire à diminuer dans certains pays, comme les USA.
La cause est simple : la recherche médicale, l’amélioration de l’alimentation et des conditions de vie ont fait disparaitre les maladies infectieuses qui tuaient auparavant les vieux. Désormais épargnés par ces fléaux, ils subissent des maladies chroniques, dont les effets sont atténués par des traitements médicaux, mais qui les diminuent tout de même.
Ajoutez à cela le vieillissement naturel des organes qui provoque des altérations, douleurs, raideurs etc. qui ne sont pas l’apanage des vieux, mais dont la prévalence augmente avec l’âge et vous comprendrez pourquoi…
Tant que ces maladies ne seront pas éradiquées, tant que les fragilités nées de la vieillesse ne pourront être soignées, le vieillissement se traduira par une fragilité accrue qui peut déboucher sur une perte d’autonomie, suite à un accident ou une maladie.
Loi grand âge et autonomie : le serpent de mer
C’est dans ce contexte que notre gouvernement s’interroge depuis quelques années sur la promulgation d’une loi « Grand Age et Autonomie » qui créera les conditions d’un pays adapté au vieillissement de sa population.
Promesse d’Emmanuel Macron faite en 2018, la loi tarde à venir, sans cesse reportée à un futur qui s’éloigne. Plusieurs rapports censés éclairer le législateur ont été commandés par les ministres. Le rapport Broussy est le dernier en date. Il se concentre sur un aspect essentiel de la politique du grand âge : le lieu où nous vivons. Notre logement, son immeuble, son quartier, ses rues, sa circulation, son organisation.
Rapport Broussy II
Commandé à Luc Broussy par trois ministres (Brigitte Bourguignon, Emmanuelle Wargon et Jacqueline Gourault), le rapport devait actualiser le premier rapport que Luc Broussy a consacré au sujet, en 2013 et qui a largement inspiré la loi ASV de 2015.
Dans une interview accordée à l’hebdo ASH en décembre 2020, Luc Broussy décrit son travail comme une sinécure :
ASH : Comment allez-vous travailler ? Comment vont s’organiser les semaines à venir ?
L. B. : Je dois rendre mes conclusions fin janvier. Le temps est donc compté. Sur les quatre thèmes, je vais tenter de répondre de manière très concrète à une vingtaine de questions précises. Ce ne sera donc pas un rapport de 200 pages mais un document avec 20 questions et 20 réponses. Pour cela, je bénéficie d’un apport : mon propre rapport de 2013. Cela tombe bien, les constats sont à peu près les mêmes et mes solutions aussi. En revanche, j’ai l’impression que les décideurs, et notamment les élus locaux, sont beaucoup plus sensibilisés à ces sujets qu’il y a sept ans. Ce qui va nous permettre de ne pas auditionner la terre entière et d’aller avec les acteurs droit au but.
En réalité, Luc Broussy est allé bien plus loin et son rapport de mai 2021 – 175 pages – propose un large tour d’horizon des réformes que l’Etat doit adopter pour prendre le tournant de la transition démographique.
C’est quoi le rapport ?
Rappelons en premier lieu la raison d’être de ce rapport.
Il doit éclairer le gouvernement sur les actions prioritaires en matière d’adaptation du lieu de vie. Il est donc destiné à l’Etat et doit proposer des mesures qui auront un impact sur les politiques publiques.
Ces priorités expliquent les orientations prises par le document et légitiment la désignation de Luc Broussy pour réaliser ce travail.
En effet, l’homme connait ce sujet sur le bout des ongles, car il baigne dans l’habitat collectif senior depuis plus de 30 ans. Ancien élu local, président du Synerpa, fondateur d’un cabinet conseil spécialisé en la matière et d’un média dédié aux EHPAD, il organise chaque année des assises qui réunissent les professionnels du secteur. Politicien engagé et arpenteur de territoire, il connait très bien de nombreux élus et acteurs locaux. Président de la filière Silver économie depuis 2018, il se bat pour faire avancer un sujet qui lui tient à coeur.
N’allez pas voir de la flagornerie dans cette biographie. Nous ne sommes pas d’accord sur tout, Luc et moi, mais je sais reconnaitre sa valeur pour le combat qu’il mène et qui est également le mien depuis plusieurs années.
Nous rêvons d’un monde où vieillissement rime avec liberté.
Luc y oeuvre du côté de l’Etat et des collectivités locales, je m’y emploie avec les entreprises et les entrepreneurs.
La philosophie du rapport Broussy
Le rapport de Luc Broussy s’intéresse au vieillissement et à l’autonomie des 75 – 84 ans, l’âge de la fragilité. Celui auquel les humains sont le plus susceptibles de perdre leur autonomie à cause d’un accident ou d’une maladie chronique.
Qui sont les 75-84 ans ?
Luc Broussy : Les 75-84 ans sont des hommes et des femmes qui vivent chez eux mais qui commencent à connaître les premières fragilités. Nul besoin d’Ehpad à ces âges-là. Mais c’est un moment où on commence à abandonner sa voiture, où on peut devenir incontinent, où les liens sociaux peuvent commencer à se raréfier. C’est aussi l’âge du veuvage pour les femmes. Une période cruciale.
Il faut que ces personnes puissent continuer de se déplacer, d’avoir des liens sociaux, d’aller au théâtre, d’avoir accès aux commerces, à la vie de quartier, aux services publics… D’autant plus que ceux qui auront 85 ans en 2030 sont issus de la génération qui a eu 20 ans en 1968, celle qui a transformé la société et qui s’apprête désormais à transformer la vieillesse. Face au vieillissement, elle sera moins passive et voudra anticiper pour bien vieillir.
Cet extrait d’une interview donnée au quotidien Ouest France le 27 mai 2021 est révélateur des idées force qui structurent tout son rapport :
- La nécessité de conserver le lien social en luttant contre l’isolement, car l’isolement provoque la perte d’autonomie.
- La nécessité d’adapter son environnement, car les accidents du quotidien provoquent la perte d’autonomie.
- La nécessité de choisir un lieu de vie adapté…. pour éviter la perte d’autonomie.
- Une curieuse obsession autour de l’incontinence, plusieurs fois évoquée dans le rapport.
- Une épuisante fascination pour les « boomers » « qui ont eu 20 ans en 1968 » et dont le rôle dans la transformation de la société d’après guerre est porté aux nues par Luc Broussy (et quelques autres).
Extrait du rapport :
Cette génération, c’est celle qui, née en 1945, a eu 20 ans en mai 68 et aura 85 ans en 2030. Cette génération biberonnée par les valeurs de liberté, d’autonomie autant que par la société de consommation et le consumérisme compte bien continuer à prendre en main son destin. Cette génération qui a changé la société française des années 60 aux années 2000 va désormais changer la vieillesse.
La forme
La rédaction
Avant de vous présenter les points clés du rapport Broussy, attardons-nous quelques instants sur la forme. Le rapport est agréable à lire. C’est important de le souligner car ce n’était pas le cas du rapport Dufeu (mal écrit et mal structuré), ni du rapport Piveteau Wolfrom (trop technique, destiné à des spécialistes), ni du rapport El Khomri.
Non, le travail d’écriture mérite un hommage, car l’auteur s’est appliqué à écrire un texte clair, limpide, ultra documenté avec beaucoup de chiffres, des études inédites et des constats frappants.
C’est une parfaite introduction pour quiconque voudrait comprendre les enjeux et perspectives de l’adaptation de notre environnement à l’âge et même – plus largement – du vieillissement de la population française.
La conception
La conception doit aussi être saluée. La maquette est claire, aérée. Présentées dès les premières pages, les 80 propositions sont concises et faciles à appréhender. Elles sont ensuite recontextualisées dans un texte de plus de 100 pages qui constitue le coeur du rapport.
Les illustrations sont plus discutables, mélange de photos de banque d’image vues et revues dans toutes les publications de la Silver économie des 20 dernières années et de dessins de bâtiments rectangulaires et insipides qui évoquent le pire du HLM et de l’EHPAD.
Quelques graphes – rares – viennent en soutien des arguments.
Les 80 propositions
L’auteur évoquait 80 propositions avant même de rédiger son rapport, il a donc été tenu de trouver de quoi remplir ces propositions. L’auteur parvient à rester dans le sujet et évite les sorties de route et propositions hors sol qui avaient tant décrédibilisé les précédents rapports (notamment celui d’Audrey Dufeu).
Chez Broussy, il y en a pour tous les goûts.
- Du très technique pour les technocrates.
- Du très démagogique pour les futurs candidats à la présidentielle
- Du très imagé pour les journalistes
- Du très polarisant pour faire le buzz chez les haters sur Twitter.
En synthèse : Un très bel exercice de com pol’ !
Le fonds
L’état des lieux
On peut résumer le rapport en 3 points :
- Le vieillissement humain fragilise notre organisme et nous expose à des accidents qui peuvent provoquer une perte d’autonomie partielle ou totale, voir une mort prématurée.
- Beaucoup d’accidents sont provoqués par un environnement qui n’est pas adapté (logement, immeuble, quartier, transports)
- Nous devons donc adapter cet environnement afin de limiter les accidents et assurer une longévité heureuse aux citoyens.
Vue d’ensemble
Dans le détail, le rapport de Luc Broussy aborde tous les lieux de vie d’un senior qui n’est pas en Ehpad et pourrait éviter d’y finir ses jours. L’auteur s’apensantit sur l’habitat collectif et propose de très judicieuses adaptations de la réglementation destinées à simplifier la création, la rénovation et l’adaptation de ces immeubles, quel que soit leur statut. Cette partie – très technique – est pleine de ressources.
Consacrant du temps aux résidences services et résidences autonomie – qu’il semble percevoir comme la meilleure des alternatives au logement diffus – Luc Broussy détaille également toutes les autres formes qui ont le vent en poupe depuis que le rapport Piveteau Wolfrom les a mise au goût du jour.
Cependant, on sent l’auteur moins à l’aise sur ces nouveaux modes de vivre ensemble que sur les résidences senior. Peut être en aurait-il été autrement si Luc Broussy avait audité autant d’experts de l’habitat inclusif privé (seul Simon Vouillot, co-fondateur de Ages & Vie est mentionné) que de dirigeants de résidences services (4 dirigeants audités : Senioriales, Steva, Domitys, Montana).
J’ai retrouvé ce déséquilibre des audités dans la partie consacrée à l’adaptation du logement. Luc Broussy prône une généralisation des diagnostics d’ergothérapeutes pour toutes décisions relatives à l’adaptation du logement. Pas une rénovation de salle de bains, pas une adaptation d’escalier sans un diag d’ergo. Là encore, on peut supposer que l’auteur a été fortement influencé par les 5 organismes d’ergothérapie qu’il a audité.
On peut en revanche s’étonner que d’autres professions indispensables à la sécurisation de l’habitat brillent par leur absence : les téléassisteurs (aucun audité, mis à part Hervé Meunier qui intervient comme représentant de l’AFRATA), les professionnels de la domotique ou de la robotique sociale et plus largement toutes les « Silver Tech » et que seul un équipementier (Indépendance Royale) ait été sollicité.
Le volet technologique est le parent pauvre de ce rapport. Succinctement abordé dans la partie consacrée au logement adapté, il motive quelques mesurettes qui font bien pâle figure à côté de son travail d’orfèvre sur le HLM ou les résidences services.
En revanche, quand il s’agit de normaliser, créer des comités des organes de contrôle et généraliser la labelisation, Luc Broussy s’en donne à coeur joie.
Le monde dont rêve ce rapport, c’est pas vraiment la startup nation !
Les 7 points clés du rapport Broussy
S’il fallait résumer le rapport Broussy en sept points clés, je dirais que :
- C’est un état des lieux très complet sur la situation
- Il ose aborder la question du chez soi, en interrogeant ce chiffre souvent évoqué, mais jamais expliqué des 90% de français qui veulent vivre chez eux et en se disant que « chez soi » est plus un état d’esprit qu’un lieu.
- Il propose de simplifier des choses complexes et de rationaliser des organisations kafkaiennes.
- Mais, il ajoute son lot de normes, comités théodules, certifications, obligations, contrôles et organisation centralisées, parfois sous l’impulsion de promoteurs desdites solutions dont la pertinence reste à démontrer et dont la philosophie va à l’encontre même de la liberté de chacun.
- Et puis, il imagine un système qui serait régi par les gros acteurs, l’Etat et les organismes nationaux, les bailleurs sociaux et les gros promoteurs. L’initiative locale, individuelle et l’entreprenariat sont exclus de sa représentation.
- Il apporte une solution aux problèmes existants et qui pourraient s’aggraver avec l’augmentation de la population âgée,
- Mais il ne tient pas compte des évolutions médicales, sociétales et technologiques qui pourraient changer la donne, ni des impacts conjugés de la transition climatique ou des aspects environnementaux de l’adaptation du pays.
Morceaux choisis et commentaires à chaud sur les points saillants du rapport Broussy
Dans cette partie, j’ai repris mes notes de lecture telles que je les ai saisies à la volée en lisant le rapport. Toutes les citations sont empruntées au rapport Broussy, bien sûr.
Adaptation du domicile. Binaire :
Ils vont avoir le choix d’adapter le logement dans lequel ils vivent aujourd’hui ou de déménager vers un logement plus adapté.
Un questionnaire à 70 ans pour sensibiliser les gens sur des problèmes qui pourraient survenir à partir de 80 ans, voire 85 ans, c’est à dire 15 ans plus tard.
Qui peut se projeter sur un aussi long temps ?
Qui a envie d’imaginer sa décrépitude et sa maladie future ? pourquoi imposer cela ?
Chaque retraité est et sera confronté à un choix : dois-je adapter mon logement ? Jusqu’où cela est- il raisonnable ? Est-ce que ce sera, au final, utile et satisfaisant ? La situation sera-t-elle adaptée lorsqu’un des deux membres du couple disparaîtra ? Voilà les questions que doivent se poser les « jeunes » retraités. Il faut le faire en considérant aussi la période charnière située entre 80 et 85 ans.
La génération baby boom n’est jamais loin…
Cette évolution va de pair avec l’hédonisme de la génération du baby-boom : élevée avec le slogan « Le bonheur, si je veux », elle vieillira avec à l’esprit cette même exigence.
Il souligne l’explosion des demandes de RSS et l’absence de régulation : 6 demandes à Perigueux, par ex.
les opérateurs sont unanimes sur un point : les règles en vigueur sur les places de parking voire sur les locaux à vélos dans les RSS sont absurdes et contreproductives.
Très intéressant travail pédagogique sur les RSS et les RA. Luc explique bien les enjeux, perspectives et limites de la résidence autonomie.
aujourd’hui, en cas de re-construction d’une nouvelle résidence-autonomie, aucun modèle économique n’est viable sans une subvention publique (CNSA-CNAV-Départe- ment) située dans une fourchette allant de 30 à 50%.
62% des résidences autonomie sont en effet situées en centres-villes ou centres- bourgs et 77% sont situées près des commerces.
SAAD et Habitat collectif
Sans aller jusqu’à créer un statut particulier de Saad dédiés à l’intervention en RSS, en Résidence Autonomie ou en habitat inclusif, les modalités particulières d’intervention des services à la personne dans ces sites mériteraient un traitement particulier.
Il ne voit pas l’habitat inclusif comme un outil citoyen, mais comme une autre forme d’habitat collectif qui devrait être pris en charge par les opérateurs habituels. Il ignore l’engouement, les nouveaux opérateurs.
Pour le rapport, on dirait que habitat inclusif = logement social pour vieux.
Il analyse tout par le prisme de la dépendance et de sa prévention. Tous les dispositifs évoqués doivent conduire à cette finalité. Tous les moyens sont fléchés vers ce but.
Une approche très utilitariste des projets. Tout concept est analysé en vertu de ses bénéfices pour les personnes âgées. Sans filtre. Froidement. Ainsi, la résidence IG :
Et il est vrai que cette formule cumule les avantages : elle crée de la solidarité entre générations et entre voisins ; elle permet de lutter contre l’isolement des personnes âgées mais aussi des étudiants dont on a vu pendant la crise sanitaire qu’ils étaient aussi victimes de solitude, elle permet enfin des échanges de services.
La foi dans le pouvoir normatif qui résoudrait tout.
A moins que ce soit un appel du pied au législateur à qui ce texte est destiné. Mais faut-il vraiment tout encadrer ? L’échec de ce modèle n’est pas un problème de loi, mais de moyens. Le succès du coliving n’a rien à voir avec la loi, c’est une forme d’habitat qui résonne avec l’air du temps.
La cohabitation intergénérationnelle est un peu trop réglementée pour être sexy. Ou bien trop présentée comme un format « pour les seniors » et pas assez « pour les étudiants ».
Si elle dispose désormais d’un cadre juridique et d’une charte définie par arrêté, il n’existe pas pour la cohabitation intergénérationnelle solidaire un agrément officiel. Il serait essentiel à l’avenir que les pouvoirs publics puissent promouvoir ces formules en communiquant sur leurs avantages et en sécurisant les dispositifs.
Pas con :
On assigne chaque situation sociale, voire même chaque génération à un lieu qui lui est spécifiquement affecté. Tout ceci est le fruit de politiques sociales qui se sont construites en tuyaux d’orgues répondant dans le temps à des situations distinctes et se traduisant, dans le Code de l’action sociale et des familles, a autant de réglementations et de modes de financement distincts (…) au moment, nous y reviendrons plus tard, où les débats s’en- gagent sur l’«Ehpad du futur » ou l’Ehpad « plate- forme », n’est-il pas temps de penser ou pour le moins de rendre possible des structures qui hébergeraient tous types de besoins sociaux ?
Aujourd’hui, un Ehpad héberge des personnes âgées en perte d’autonomie et un centre mère-enfant des familles monoparentales. Serait-ce si absurde de faire cohabiter ces populations ? Aujourd’hui, des collectivités locales vont devoir chercher des financements pour une résidence autonomie et d’autres financements pour installer une crèche ou une halte-garderie. Serait-ce inimaginable de concentrer les investissements pour, là encore, monter un projet unique mélangeant les générations ? « Une Maison des générations où l’on puisse héberger tous types de publics, ce serait le rêve ! » s’exclamait, enthousiaste, lors d’un entretien Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa, le syndicat des maisons de retraite privées. Encore faut-il rendre ce type de projet possible
13% des seniors vivent dans un logement social.
54% des locataires du parc social ont plus de 50 ans.
Côté bâti, la tâche est immense. Nombre de bailleurs sociaux, notamment dans certaines régions (Est, Nord), ont dès aujourd’hui plus de 50% de locataires âgés quand par ailleurs 40% des locataires du parc social ne bénéficient pas d’ascenseurs dans leurs immeubles.
Des domiciles peuvent désormais être « intelligents » ou le devenir : le logement est alors pensé comme un écosystème dont les équipements peuvent installés et paramétrés rapidement pour apporter un certain nombre de services qui répondent aux besoins de la personne âgée (sécurité, compensation de la perte d’autonomie, téléassistance intuitive, communication et lien social)
Il est moins à l’aise avec le numérique et la techno qu’avec le logement social. Les descriptifs sont plus vagues (on se content de liste les solutions sans les ordonner en p.61), les expression de besoin plus floues et faibles, comme cette APA « Aide numérique et domotique » ou le fléchage des aides de la conférence des financeurs ».
Quid de la santé connectée ?
Qui des commandes vocales ?
Quid de l’actimétrie ?
Si la notion de logement adapté est floue (comme il le souligne), la notion de domotique l’est tout autant.
Et donc, on va faire un grand plan domotique en fléchant des subventions, on sait que ça marche bien :
Dès 2022 un grand plan domotique pourrait être décidé par la CNSA qui flècherait une partie des 140 millions d’euros qu’elle délègue aux conférences des financeurs sur cet objectif précis.
Et c’est reparti pour le centre national de preuve :
De quoi s’agit-il ? De faire le tri parmi l’avalanche d’innovations qui se font jour un peu partout en matière de technologies de l’autonomie. Mais aussi et surtout de guider et de conseiller les collectivités locales qui parfois face à telle ou telle nouvelle technologie se retrouvent un peu comme une poule face à un couteau. Plutôt que de laisser chaque département, chaque mutuelle, chaque groupe d’Ehpad, chaque CCAS, chaque Saad, chaque Living Lab’ expertiser les solutions, tout le monde aurait intérêt à trouver un centre de référence qui ait la responsabilité de tester et de valider l’usage de ces nouvelles technologies.
On voit bien avec la conférence des financeurs les limites du centralisme jacobin quand il s’agit de tester des initiatives sociales, pourquoi en serait-il autrement avec la technologie ?
N’est-ce pas naïf d’imaginer que les innovations de rupture attendront de passer par les fourches caudines du centre de preuve ?
Et peut on encore imposer une validation venue d’en haut ?
Il permettrait enfin de structurer l’offre pour faire émerger des ETI voire des «licornes »…
C’est aussi la promesse de Silver Valley, mais elle ne repose sur rien de tangible.
Tant que le secteur de l’aide à domicile sera maintenu dans l’état de clochardisation dans lequel il est contraint depuis des années, rien ne sera possible. Tant que nous continuerons collectivement à gérer un système dans lequel on demande à des structures de facturer en deçà de leur prix de revient, aucun discours sur le « virage domiciliaire » ne sera crédible.
Mot d’ordre : simplifier et massifier
Il fait un panorama des aides, s’appesantit sur l’arrêt de l’aide salle de bains (stoppé à mi parcours) et réclame une simplification.
Des pages et des pages sur un partenariat CNAV – ANAH.
Il est essentiel dans notre pays que nous puissions acquérir une véritable culture de la prévention (..) tout notre système aujourd’hui est construit autour d’une logique de prise en charge organisé non pas pour prévenir les accidents mais pour réparer les incapacités consécutives à un accident.
Chiffres page 87
« Doit »
peu de personnes âgées sont capables ou se sentent prêtes à dépenser de leur proche une somme de 300€. Cette prestation doit donc être prise en charge par un tiers : soit directement par l’ANAH ou la CNAV, soit par le Département voire, ce qui serait une idée pertinente, par des mutuelles ou des caisses de re- traite qui trouveraient judicieux d’inclure ce type de services dans leurs prestations.
Responsabiliser les gens, c’est bien aussi de temps en temps….
Viager
Prêt hypothécaire viager (sic)
Sur le viager aussi, il confie à la puissance publique le rôle de faire avancer un sujet au point mort pour des raisons différentes.
Qu’un groupe de travail placé sous l’égide du Ministère de l’Economie et du Ministère de l’Autonomie et confié aux économistes de la Chaire Transitions Economiques, Transitions Démographiques qui ont déjà sur ces questions effectué un gros travail ferait probablement avancer la réflexion.
Luc n’a pas foi dans les loi du marché, l’entreprise privée, l’initiative citoyenne… bref les trucs individuels qui ne viennent pas de l’Etat.
Bis repetita
Tout artisan souhaitant intervenir dans le cadre du nouveau dispositif d’adaptation des logements devra signer cette Charte. L’ANAH, la CNAV, voire SOLIHA conditionneraient l’intervention d’un artisan à cet engagement
Et c’est reparti pour les règlements complexes…
Une fois la formation acquise et la Charte signée, l’entreprise serait inscrite sur un fichier national géré par la Cnav et l’Anah, liste qui pourrait ainsi être transmise à celles et ceux qui auraient sollici- té via le dossier unique un soutien de la puissance publique.
Pas très libéral tout ça.
Même la qualité des arbres qui sont plantés aux abords des trottoirs sont un élément important : plus leurs feuilles tombent, plus les personnes âgées ont un risque de chuter.
C’est horrible…. plantons des sapins !
Et celle là, elle est pas bonne :
Quand on sait que 32% des femmes de 80 ans et plus sont concernées par des problèmes d’incontinence, on voit que ce sujet n’est pas anecdotique.
Il n’y a pas que les incontinents qui ont besoin de pisser.
Sur la ville, tout le passage sur l’emploi des aides et des « véhicules » est bien maîtrisé, on s’en doute…
Bien ça :
En 2010, parmi les 110 000 personnes vivant dans les Foyers de Travailleurs Migrants ou dans des Résidences sociales, 40 000 étaient âgées de 60 ans
c’est page 116
Encore un peu de normalisation – certification :
Pour toute ville, pour tout territoire, l’obtention du Label Ville, amie des Aînés doit devenir un objectif à atteindre.
Et hop, on rajoute un conseil national interministériel, parce que la France en manque :
C’est pourquoi nous proposons ici la création d’un Conseil National Territoires et Transition Démographique placé sous la double responsabilité des Ministères de la Cohésion des Territoires et de l’Autonomie. Voire triple avec le Ministère du Logement.
C’est une aubaine pour les députés sortants et les anciens ministres !
Ce Conseil National aurait la responsabilité notamment de suivre et coordonner les différentes actions liées au vieillissement en suivant par exemple l’état d’avancement de la Labellisation Ville amie des Aînés ou le suivi des « briques vieillissement »
L’autocollant senior est abordé avec pédagogie et circonspection….
Il est moins péremptoire là-dessus que sur d’autres sujets.
Il a vraiment un problème avec les tech :
En 2021, plus personne ne peut soutenir un scénario de généralisation à terme des véhicules autonomes de niveau 5. Ce qui semble en revanche plus réaliste, c’est le développement rapide des véhicules qui proposent des formes d’assistance à la conduite très développés.
Les évidences retrospectives, ça va bien.
Encore une charte
Pour une Charte de bonnes pratiques pour les opérateurs de mobilité
Conclusion
J’ai mis environ 4h30 à lire le rapport Broussy (en sautant quelques pages) et je me suis fait une opinion que je vous ai partagé dans cet article. Mon article est forcément subjectif et vous n’êtes pas obligé de valider tous mes propos. Alors, si vous avez un peu de temps devant vous, prenez quelques heures pour lire le rapport Broussy.
Vous apprendrez sûrement quelque chose.
Mais ne rangez pas votre sens critique sous votre mouchoir.
Luc Broussy aborde les choses sous un angle politique et ultra normatif.
Ce n’est pas le monde dont je rêve.
Est-ce le vôtre ?
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Merci pour ce travail de qualité que vous avez fourni par ces synthèses du rapport.
Je ne sais pas si j’aurai le temps pour lire le rapport en entier, mais sachez que cela m’a bien renseigné que de lire vos commentaires pour une bonne compréhension du reste.
Merci à vous
Excellent travail et commentaires d’une justesse fruit d’une réflexion dont j’ai eu l’occasion de percevoir toute la richesse . Pour info… j’ai tenté d’inscrire la cession partielle d’un terrain dans le but de collaborer avec un acteur de l’inclusif. La réponse est venue de la SAFER avec une menace de me désaisir de ce terrain si il n’allait pas à un agriculteur. Conclusion, les vaches sont plus importantes que le bien être de nos anciens. Lamentable.