Développer les solutions connectées pour vivre mieux et plus longtemps chez soi, c’est l’ambition de Telegrafik ! Cette startup Toulousaine renforce la sécurité à domicile grâce à des dispositifs de prévention. L’objectif ? Assurer une surveillance, une prise de connaissance et une intervention rapide en cas de problème survenant au domicile ou en résidence (comme une chute ou un comportement anormal).
C’est l’occasion de découvrir Carole Zisa Garat, fondatrice de Telegrafik et actrice incontournable de la Silver Economie en Occitanie. Sa vision de l’entreprise, mais aussi les raisons profondes de l’action de Telegrafik et les combats menés pour s’imposer dans un secteur concurrentiel grâce à l’innovation, mais dans le respect de la vie privée des citoyens (avec l’enjeu de la gestion des données).📱
*“Il y a eu une époque en France où on s’est posé la question du stockage des données de santé chez des acteurs des GAFAM. On est en train de faire machine arrière et de chercher des opérateurs français.”
Carole Zisa Garat*
Bonne lecture !
Qui êtes-vous et qu’est-ce qui fait votre unicité ?
Carole Zisa Garat : J’ai créé Télégrafik en 2013. Après avoir passé dix ans dans l’industrie automobile, j’ai voulu associer les nouvelles technologies et le fait d’apporter des réponses à l’enjeu sociétal fort que représente le vieillissement.
C’était l’époque de la création de la filière Silver économie en France par les ministres Delaunay et Montebourg. Il y avait des groupes de travail qui se réunissaient, car nous savions déjà que la question du vieillissement allait arriver. Nous savions que d’un coup, on allait se retrouver en Europe avec beaucoup de gens âgés de plus de 80 ans en situation de dépendance.
Il fallait pouvoir apporter des solutions à cet enjeu, ce qui est vraiment la genèse de l’entreprise. Aujourd’hui, ce qui nous caractérise, c’est :
- Notre expertise des bonnes solutions technologiques face aux enjeux du vieillissement. Ces solutions viennent répondre aux besoins des professionnels du soin et de l’accompagnement.
- Notre expertise technologique, d’outils, d’algorithmes, d’analyse de données, de solutions connectées. Nous avons un ADN « tech » très présent.
Nous avons un ADN « tech » très présent
Et concrètement, en quoi consiste votre service de solutions connectées ?
Nous sommes une plateforme qui a des algorithmes propriétaires puissants. Ils font mieux qu’un certain nombre de nos concurrents.
Chez nous, par exemple, nous sommes capable de faire du prédictif avec de très gros risques et quand on installe des solutions connectées ou quand nos partenaires le font.
Notre plateforme analyse en permanence les données de ses solutions connectées. Elle est capable de détecter toute dégradation de l’état de santé et des choses qui évoluent défavorablement chez les bénéficiaires. Nous sommes, de plus en plus, dans des logiques de care et de prévention, de cure et de réagir. Quand il y a eu une chute et que la personne est déjà par terre par exemple.
Ce qui nous caractérise, c’est notre côté « tout en main ». On est une plateforme globale et on est capable d’embrasser et d’adresser l’ensemble des cas d’usages qui vont de la sécurisation à la prévention en passant par le suivi, l’information et la coordination.
Concrètement, cela se manifeste avec un interfaçage capteur vraiment diversifié, on traite des données de capteurs de téléassistance, de domotique, médicaux Demain, avec la R&D, on aura de plus en plus de remontées humaines grâce au capteur humain. Les remontées des intervenants du quotidien sont essentielles.
Notre plateforme a autour d’elle tout un écosystème. On est relié par des API à d’autres plateformes. Des plateformes de télémédecine, des plateaux de téléassistance, des téléopérateurs qui sont là 24h24, 7 jours sur 7.
Aujourd’hui, il faut être global
Aviez-vous une motivation personnelle pour entrer dans le marché de la Silver Économie ?
Il y avait un ressort personnel effectivement, qui était que moi, la volonté d’entreprendre.
À l’époque, je ne savais pas encore dans quoi, mais j’étais dans des équipes d’entrepreneurs. J’ai pris des cours du soir de création d’entreprises innovantes, reprise d’entreprise. On peut entreprendre en restant dans un secteur comme l’automobile. Mais je me suis rendu compte que même quand on évoluait en responsabilité dans un grand groupe, on était toujours en contrainte, car il faut faire avec un certain budget, des objectifs, etc. On n’a pas toujours les manettes pour agir. L’autre aspect est que j’avais vraiment envie de trouver un projet utile. Jd voulais réaliser des choses qui me tiennent à cœur. L’automobile est une industrie avec laquelle on fait beaucoup de petits progrès par petits pas. J’avais envie de choses plus large, plus dynamique, plus révolutionnaire.
Pensez-vous que le marché des consommateurs est mûr pour les solutions connectées ?
Non n’irons pas sur le marché B to C. Nous pensons que d’autres acteurs sont bien mieux placés que nous pour le faire. Le B to C est un sujet de savoir parler au plus grand nombre, d’avoir la confiance des consommateurs et de savoir être prescripteur de solutions pour eux.
C’est difficile de se faire un nom dans ces marchés-là. Donc, on préfère s’appuyer sur des opérateurs qui sont déjà en place. Tandis que nous restons en arrière pour être concentrés sur nos technologies. Nos technos, nous les proposons en BtoB, en BtoBtoB ou en BtoBtoC. Mais on est toujours derrière un professionnel, derrière un industriel ou derrière un acteur de téléassistance. C’est une volonté forte de notre part.
Notre entreprise est organisée pour très bien accompagner des clients professionnels.
Notre entreprise est organisée pour très bien accompagner des clients professionnels. Nos chefs de services, chefs de projet et ingénieurs sont organisés pour cela.
Avez-vous, aujourd’hui, l’impression que le marché est devenu très concurrentiel ?
Pas encore complètement. Nous, nous sommes arrivés très tôt par rapport au marché en 2013. C’était le tout début et le marché a mis du temps à se structurer. Je dirais qu’il commence vraiment maintenant à se structurer. Car derrière, il y a des chiffres de la massification du vieillissement qui arrivent. Les baby boomers arrivent à des âges avancés. C’est maintenant que ça se passe. Ce n’était pas il y a 5 ans. Et ce sera surtout dans les 10 prochaines années.
En France, ce n’est que depuis le mois de janvier qu’on a eu une loi de financement de la Sécurité sociale qui met en place des nouveaux modèles pour faire du maintien à domicile renforcé et complet. Avant, ça n’existait pas. Il n’y avait pas de prise en charge. Ce n’était pas inscrit dans la loi de financement de la Sécurité sociale.
Sur les dernières années, beaucoup de sociétés se sont créées en même temps que nous pour s’adresser à ce marché. Mais elles n’ont pas forcément tenu dans la durée. Finalement, ceux qui gagneront et qui prendront le marché, ce seront ceux qui auront su tenir dans la durée jusqu’à ce que le marché arrive à maturation. Je pense qu’on a montré, sur les dernières années, qu’on savait être persévérant avec les bons moyens. On a levé des fonds deux fois pour des montants bien calibrés par rapport à nos besoins. On n’a pas surestimé le montant, on est resté raisonnable, mais on a avancé pas à pas et on a fait attention à nos dépenses. C’est ce qui fait qu’on en est là aujourd’hui et qu’on a accéléré dans notre développement.
L’an dernier, en 2021, on est passé de 62 à 115 sites équipés. Notre volonté, c’est de continuer à aller sur ce type de tendance et de continuer à doubler.

Est-ce que l’Ehpad à domicile est une innovation ?
Cette nouvelle façon de pouvoir proposer de rester à domicile à des gens qui seraient plutôt dans des situations où ils devraient être institutionnalisé, typiquement rentrés en Ehpad, c’est nouveau.
Cela fait appel à différentes composantes. Des composantes fortes de soins et d’accompagnement humains à domicile comme les aides ménagères, les aides au lever et au coucher qui viennent au quotidien. Ils sont des services de soins infirmiers qui se déplacent à domicile avec des suivis par des coordinateurs qui font intervenir un thérapeute pour adapter le domicile. Le cœur, c’est l’humain.
Hors Ehpad, à domicile, comment se positionne telegrafik par rapport à la téléassistance ?
On se positionne comme le volant technologique qui va être complémentaire au service de ses moyens humains. Là-dedans, dans les solutions technologiques, un des aspects est la téléassistance.
Cela ne suffit plus.
Si vous proposez un bouton d’appel qui va permettre à une personne qui chute d’appeler en cas de problème, vous répondez qu’à un petit bout du besoin. Vous n’informez pas les aidants familiaux, et ne coordonnez pas les professionnels. On rate tous les cas où la personne n’a pas porté son bracelet et a chuté la nuit en allant aux toilettes. Vous n’êtes pas dans des logiques de prévention.
Donc la téléassistance est une petite partie, mais il faut en couvrir beaucoup d’autres. Nous avons une proposition de valeur vraiment plus globale. Par exemple, sécuriser la personne, même lorsqu’elle ne porte pas son médaillon autour du poignet. Et d’alerter si, la nuit, la personne se lève et ne revient pas dans son lit d’ici à trois quarts d’heure. C’est aussi d’informer l’aide à domicile qu’il faut aller en priorité chez une personne plutôt qu’une autre, parce qu’il y a quelque chose qui est anormal chez cette personne-là. Il y a aussi la proposition d’appeler les consultations médicales pour quelqu’un qui a un suivi avec un médecin spécialiste et qui ne va pas se déplacer à chaque fois à trois quarts d’heure, attendre dans la salle d’attente à 85 ans. On se positionne sur une approche réellement globale.
Que pensez-vous des objets connectés, leur utilisation et le traitement des données ?
On parle de données qui sont, déjà, des données personnelles, qui répondent à la réglementation RGPD en Europe. Qui plus est, ce sont des données de santé extrêmement sensibles, relatives à l’état de santé et le niveau d’autonomie des personnes. Une fois qu’on a dit cela. C’est quand même important de défendre une vision européenne du traitement de ces données-là. On n’a pas envie que ces données-là filent n’importe où. On reste, cependant, toujours content quand il y a des propositions de valeur intéressantes et que ça aide.
Il y a eu une époque en France où on s’est posé la question du stockage des données de santé chez des acteurs des GAFAM. On est en train de faire machine arrière et de chercher des opérateurs français.
Chez télégrafik on a choisi un hébergeur français, c’était extrêmement important pour nous de savoir exactement où sont les datas, d’être avec des gens agréés hébergement de données de santé et aussi de traiter les données sans outre passer ce pourquoi on les récolte et on les analyse. Ce sont des sujets sensibles.
Pensez-vous que la Covid a joué dans la ruée des Ehpad vers les technologies d’actimétrie ?
Je pense qu’il faudra attendre, pour avoir assez de recul afin d’analyser ce que ça a changé réellement ou pas dans la tête des familles et des bénéficiaires. Je suis intimement persuadée que cette crise a quand même mis en exergue le fait qu’il fallait trouver des solutions connectées pour le domicile et que l’État n’apportait pas une réponse à tout. C’est d’ailleurs ce qui se traduit dans la loi de financement de la Sécurité sociale et dans les interventions du ministère de la Santé.
Demain, les Ehpad vont permettent d’accueillir des gens qui ont besoin de soins très avancés. Car, ces gens seront en perte d’autonomie. Et cela va continuer et amener la question de répondre à des besoins de soins vraiment avancés et d’y répondre 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 h. Tout le reste des personnes qui vieillissent pourra être pris en charge à domicile ou dans des habitats intermédiaires adaptés. C’est ça la grande tendance. Il est vrai que la crise a amené les familles à être encore plus attentives.
D’ailleurs, les Ehpad réfléchissent déjà différemment. Ils sont en train de se demander, quand ils doivent rénover complètement un Ehpad : quel est le nouveau mode de vie ? Comment cela va se présenter ?
Aujourd’hui, nous en discutons avec des opérateurs très en avance sur ces sujets-là, qui travaillent avec des architectes spécialisés qui sont en train de réinventer entièrement l’Ehpad. Il y aura des petits pavillons, il y aura des cuisines partagées. Des résidents mettront la main à la pâte et feront la cuisine avec des personnes, ce sera chez eux. Pas une « chambre d’hôpital ».
On viendra à eux chez eux et non pas en rentrant dans une chambre. C’est tout un changement qui est en train de s’opérer et on va voir fleurir des établissements d’une nouvelle génération qui vont quand même apporter des réponses différentes. Avec des solutions connectées à l’intérieur.
Ça change tout.
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