pourquoi la dépendance fait-elle peur

Pourquoi la dépendance fait peur ?

La prise en charge de la dépendance n’est pas un sujet nouveau dans le débat public. Néanmoins, avec l’arrivée au grand âge de toute une génération de baby boomers dans les prochaines années, cette question est plus que jamais d’actualité.

Faisons le point :

Il y a 15 millions de citoyens âgés de plus de 60 ans en France. 1,2 millions de ces personnes perçoivent l’APA et sont donc considérées comme dépendantes.

Donc : 8% des seniors sont dépendants. Et si on regarde juste les plus vieux, il y a 20% des 85 ans et plus qui sont dépendants !

Et pourtant, 7 personnes sur 8 estiment à au moins 50 % leur risque de devenir un jour dépendants. C’est ce que montrent les chiffres de l’enquête Pat€r 2020, réalisée conjointement par le PSE-CNRS et la Caisse des Dépôts.

Comment expliquer un tel écart entre la réalité et sa perception ? C’est ce que nous allons essayer de comprendre en analysant cette enquête. Chemin faisant, nous verrons comment les français envisagent cette dépendance et quelles solutions apporter pour agir à titre préventif. Comment minimiser l’impact sur les proches aidants et – bien sûr – comment financer la perte d’autonomie.

Vaste programme !

Anticiper la dépendance : un défi pour les décennies à venir

Comment définir la notion de dépendance ?

On parle de dépendance lorsqu’une personne est dans l’incapacité d’effectuer les gestes du quotidien et d’évoluer seule dans son environnement. Cela peut être lié à des causes physiques ou psychologiques. La personne dépendante développe alors des besoins relevant de la santé mais aussi de l’assistance à la vie courante.

Conséquence quasiment irrémédiable du vieillissement, ce phénomène affecte la personne âgée, ses proches mais aussi les acteurs du secteur médico-social et les pouvoirs publics.

Selon l’INSEE, la France devrait compter 4 millions de personnes âgées en perte d’autonomie en 2050, soit 16,4 % des plus de 60 ans.

Comment évaluer la probabilité de dépendance ?

Le caractère polymorphe de la perte d’autonomie rend ce phénomène difficile à appréhender. De plus, la dépendance survient généralement après 75 ans. L’éloignement temporel contribue à rendre cette réalité d’autant plus abstraite. Pourtant, selon les chiffres de l’enquête Pat€r, plus de la moitié des personnes interrogées évaluent entre 6 et 10/10 la probabilité de devenir un jour dépendantes.

Les aidants familiaux au cœur des dispositifs de maintien à domicile

Les aidants familiaux jouent un rôle considérable dans la gestion de la dépendance. Les chiffres de l’enquête Pat€r le confirment.

Le conjoint, en première ligne pour gérer une situation de dépendance

Près des ¾ des répondants affirment pouvoir compter sur leur conjoint en cas de perte d’autonomie. 39 % des personnes interrogées accepteraient même que ce dernier sacrifie certains aspects de sa vie personnelle ou professionnelle si cela permet d’éviter de payer une aide à domicile ou d’aller en maison de retraite. Le maintien à domicile a un prix… souvent payé par les proches qui soutiennent, accompagnent et assistent la personne dépendante sans percevoir de rémunération.

Des solutions pour soutenir les aidants et favoriser le maintien à domicile

La plupart des personnes aidantes concilient l’aide apportée à leur proche avec leur emploi et leurs obligations personnelles, souvent au détriment de leur propre santé. Face au défi de la longévité et aux réalités nouvelles qui en découlent, des initiatives émergent pour soutenir les aidants.

  • Le relayage est un système de relais d’1 à 3 jours au domicile de l’aidé. Ce service offrant une courte bouffée d’oxygène à l’aidant existe dans une version améliorée au Québec. Au pays du caribou, ce système a pris le nom de baluchonnage et désigne un dispositif pouvant aller jusqu’à 14 jours de relais. Mené par un professionnel du soin, cet accompagnement permet aussi de définir des stratégies d’amélioration de la relation.
  • Le care management est un des nouveaux métiers de la Silver économie. Fondé sur le principe du maintien à domicile de la personne âgée, le care manager analyse les besoins de l’aidé et coordonne les différents acteurs d’aide et de soin à domicile. Il met son expertise au service des personnes dépendantes et de leurs aidants afin de leur apporter conseils et solutions pour faciliter leur vie quotidienne.

Comment financer la dépendance ?

enquête Pat€r 2020
Source : enquête Pat€r 2020, CDC.
Champ : personnes âgées de moins de 80 ans.
Lecture : 69 % des répondants considèrent que l’État doit être le premier financeur de la perte d’autonomie : 47 % estiment que l’État doit en financer plus de 50 %, et 22 % souhaitent qu’il en soit le premier financeur sans toutefois qu’il en finance plus de la moitié.

Le recours à l’Allocation Personnalisée d’Autonomie

Fait notable, seules 24 % des personnes ayant participé à l’enquête estiment qu’elles pourront, le cas échéant, bénéficier de l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie). Pour les répondants à faibles revenus, ce chiffre extrêmement bas s’explique certainement par la méconnaissance ou la confusion de ce dispositif avec d’autres aides sociales publiques. En outre, il est souvent difficile d’estimer le montant d’APA dont on peut bénéficier.

Du côté des populations les plus aisées, l’éligibilité à l’APA est rapidement plafonnée. Le montant de l’aide éventuelle s’avère donc marginal au regard des autres solutions. Pour ces publics, le recours à l’épargne personnelle et à la vente de biens immobiliers apparaissent comme les solutions à privilégier.

L’assurance dépendance : pour une autonomie de la personne dépendante

La création d’une cinquième branche de la sécurité sociale dédiée à l’accompagnement de la dépendance est annoncée depuis fort longtemps. Les démarches restent néanmoins à un stade très préliminaire, et les besoins se chiffrent d’ores et déjà en milliards d’euros…

Heureusement, des solutions préventives existent pour anticiper les dépenses liées à la perte d’autonomie. Souscrire à un contrat privé d’assurance dépendance est une bonne idée en l’absence d’un régime financé par la collectivité. Redistribué sous forme de capital ou de rente mensuelle, cet apport financier est cumulable avec l’APA, la pension de retraite et les aides au logement. Par ailleurs, les contrats d’assurance dépendance prévoient généralement un dispositif d’assistance complémentaire afin d’accompagner au mieux la personne en perte d’autonomie.

Le portage immobilier : une alternative intéressante pour les retraités

Autrefois contraints de recourir au viager pour obtenir un apport en capital, les seniors peuvent aujourd’hui se tourner vers le portage immobilier pour retraités. Cette prestation permet de surmonter les difficultés d’emprunt aux banques quand arrive le grand âge. C’est une solution privilégiée lorsqu’on a besoin de réaliser des travaux d’adaptation du logement. Cela permet aussi de payer les frais d’aide à domicile ou l’hébergement en EHPAD de l’un des conjoints.

Anticiper la dépendance est, plus que jamais, une des problématiques centrales du bien vieillir. Comptons sur l’expertise des professionnels de la Silver économie pour développer dans les années à venir des solutions toujours plus pertinentes !

Source : https://politiques-sociales.caissedesdepots.fr/qps-les-etudes-ndeg34

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