Sunday, histoire d’une startup de la Silver économie

sunday une success story de la silver économie

Sunday est une startup de la Silver économie qui rencontre le succès, notamment grâce à des passages utiles au CES de Las Vegas en 2018 et 2019. Dans cet article réalisé à partir d’une interview de la fondatrice de Sunday, Nelly Meunier, je vous raconte l’histoire de la startup. Je vous explique également comment un passage au CES peut être utile à une entreprise française.

Le CES de Las Vegas

La plus célèbre convention mondiale de la technologie grand public se tient chaque année en janvier à Las Vegas : le CES (Customer Electronics Show). Elle attire des milliers d’exposants et des millions de visiteurs. L’objectif du CES est d’aider les les entreprises qui développent des projets pour le grand public à rencontrer des partenaires pour la diffusion la plus massive possible des produits les plus intéressants.

La France y envoie chaque année une délégation d’entreprises, sous la houlette du label French Tech et de ses déclinaisons régionales. D’autres Français font le voyage seul. Le coût d’une participation au salon s’élève, a minima, à 1000 $, auxquels il faut bien sûr ajouter les frais de déplacement. 

Bien que n’étant pas ouvert au grand public, le CES est très médiatisé, car au fonds, beaucoup de gens aiment découvrir des innovations technologiques. C’est pourquoi ce rendez-vous annuel est aussi bien relayé. À la télévision ou sur le web, vous découvrez des produits du futur qui trôneront peut-être demain dans votre logement.

Le CES est aussi un moment de fierté nationale, quand nous voyons nos entrepreneurs « à nous », mis en lumière et valorisés dans les médias. D’ailleurs, chaque année, une pépite française est plus particulièrement remarquée. Les journalistes veulent tous la rencontrer, on fait de chouettes vidéos qui tournent en boucle sur BFM, des articles dans le Parisien… La gloire ! 

Le salon a bien entendu ses détracteurs qui critiquent la gabegie, l’impact écologique, les dépenses monstrueuses de l’État français (via la French Tech) pour emmener des startup faire les guignols à Vegas. Ce serait sous-estimer la portée possible d’un tel événement pour les entreprises qui ont une raison d’y être et se sont préparées en conséquence. Ce qui n’est hélas pas le cas de tous les exposants. 

Niveau médiatisation hors sujet, l’année 2020 restera dans les annales. La jeune pousse française qui a fait le buzz est une grosse pochade ridicule : un entrepreneur qui, pour dénoncer la vacuité du CES, a pris un stand pour présenter une vraie fausse innovation : la pomme de terre connectée. 

L’année dernière, c’est une entreprise plus sérieuse et légitime qui a bénéficié d’un éclairage médiatique : Sunday.

Sunday, qu’est-ce que c’est ?

Sunday est un objet connecté qui permet aux familles d’échanger des photos et des souvenirs. Selon ses fondateurs, le produit aide les générations à se réconcilier. Présenté sous la forme d’une box 4G, la Sunday Box, Sunday se branche sur votre télévision pour visionner les photos partagées par votre famille. 

La Sunday Box s’adresse plus particulièrement aux personnes âgées. Elles peuvent garder le contact avec leurs familles, grâce à des partages de photos, même quand elles ne sont pas technophiles. 

Mais Sunday, ce n’est pas uniquement une box pour le grand public que vous achetez à la Fnac ou chez Darty. C’est aussi (et avant tout) un projet développé pour apporter un peu de joie, de lien et de vie dans les établissements médico-sociaux accueillant des patients âgés. 

Sunday, une success-story de la Silver économie ? Laissez-moi vous raconter leur histoire afin d’en juger par vous-même. 

Il était une fois une entrepreneuse bordelaise 

Nelly Meunier a fondé Sunday avec son ami d’enfance Yoann Ebrard en 2015. L’entreprise s’appelle alors Hopen Project et souhaite aider les parents d’enfants prématurés maintenus en couveuse à voir leur bébé.

Nelly Meunier qui vit aux États-Unis cherche à garder le contact avec sa grand-mère dépendante qui réside dans Ehpad. Avec son frère et sa sœur, également expatriés, elle imagine un système de partage de photographies sur la télévision.

Grâce à ce dispositif, Grand-mère Meunier peut recevoir des photographies de ses trois petits enfants et entretenir des échanges qui ne se limitent pas à la souffrance, la dépendance et les tracas quotidiens d’une personne âgée en Ehpad. 

Le boitier qui diffuse des photos attire l’attention des soignants. Ils constatent les bienfaits pour leur résidente. Par exemple, la Sunday Box et ses photos font travailler les fonctions cognitives. Pendant les soins, elle aide les patients à penser à autre chose, parler d’autre chose avec leur soignant et permet au résident de ne plus penser à ses pathologies, à ses souffrances. « Les psychologues travaillent avec Sunday, car cela permet de calmer les crises d’angoisse. » (toutes les citations en italique sont de Nelly Meunier).

Forte de ce premier succès, la startup décide de développer son service dans d’autres établissements médico-sociaux. D’une part pour aider les patients et les résidents à restaurer le lien avec la famille. D’autre part, pour analyser les bienfaits de la Sunday Box dans de nouvelles situations.

Sunday lance un programme avec l’unité de soins palliatifs de Bordeaux Nord. Dans ce service hospitalier de la fin de vie, les équipes de Sunday sont quotidiennement confrontées à la mort. Difficile, l’expérience permet aux Bordelais de valider l’intérêt de leur produit dans une situation contrainte. « C’est un autre monde. C’est compliqué de rentrer dans les chambres en se disant que dans 8 jours, c’est terminé. On a l’impression d’être intrusifs. »

Sunday teste également son produit dans des résidences services senior Pichet et Logévie. « Cela nous a permis de voir un autre usage de la solution : depuis Bordeaux, Marcel qui a 90 ans suit le mariage de sa petite fille, installée au Canada. C’est vraiment la restauration d’un lien brisé par la distance. »

Courant 2017, Sunday travaille sur la création d’une offre pour le grand public. Jusque là, le projet s’est développé autour du produit Sunday Care, commercialisé dans les établissements médico-sociaux. La jeune pousse caresse l’idée d’une commercialisation en BtoC, pour toucher les personnes âgées vivant à domicile. 

Sunday au CES 2018

Prototype en poche, les Bordelais font un premier passage au CES en janvier 2018. Ils y rencontrent les représentants français de Darty, la Fnac et Boulanger. Séduits par le potentiel du produit, les enseignes françaises et la startup signent un accord de distribution de la Sunday Box à partir de Noël 2018. 

Dans les rayons, la Sunday Box côtoie l’enceinte connectée de Google (Google Home).

« À ce stade, les clients ne nous considèrent pas comme une startup. Ils attendent un service à la même hauteur [que celui de Google], » 

Nelly Meunier

En janvier 2019, Sunday est de retour au CES avec cette fois-ci l’intention de se lancer sur le marché américain, en réitérant la stratégie de 2018. Les Bordelais prennent contact avec des revendeurs locaux et créent une équipe commerciale basée à San Francisco. Ces nouvelles touches sont prometteuses même si, à ce stade, l’entreprise travaille en priorité le marché français en BtoC avec la Sunday Box et auprès des établissements médico-sociaux avec son offre Sunday Care. 

Un produit, deux stratégies

La Sunday Box se présente sous la forme d’une extension 4G qui se branche sur la télévision. Une télécommande ergonomique avec un cœur rose qui clignote quand vous recevez de nouvelles photos sert à naviguer et interagir avec les publications de la famille. 

La Sunday Box a été conçue en mettant à contribution les personnes âgées utilisatrices.

« Si les seniors arrivent à s’en servir, pour nous c’est gagné. »

Nelly Meunier

En Ehpad, c’est le même produit qui est proposé. Cependant, il est accompagné d’une interface optionnelle pour piloter l’ensemble des Sunday Box connectées dans l’établissement. L’Ehpad peut utiliser cette interface pour adresser des informations aux résidents et de recevoir des notifications, par exemple quand un senior est l’extérieur. Ces fonctionnalités ont été développées en partenariat avec des établissements pilotes, comme l’Ehpad Terre Nègre de Bordeaux.

« C’est le même produit avec des services complémentaires, mais le but principal est toujours d’envoyer des photos aux grands-parents. Notre métier, c’est de recréer du lien entre les générations. »

Nelly Meunier

Les établissements qui ne souhaitent pas utiliser l’interface  se contentent de proposer le service à leurs résidents. 

Acteurs de la Silver économie Bordelaise

Bordelaise engagée, Nelly Meunier revendique son appartenance à l’écosystème Silver économie de Nouvelle-Aquitaine. Elle est très enthousiaste à propos de l’engagement des acteurs publics locaux dans l’adaptation de la société au vieillissement.

« C’est une dynamique qui permet de faire de la cohésion d’entreprise, mais il ne faut pas perdre de vue l’objectif. Notre objectif sera toujours de reconnecter les personnes âgées et leur entourage. »

Nelly Meunier
L'équipe Sunday au complet
L’équipe Sunday au complet

Avoir un pied en France et l’autre aux États-Unis permet à Sunday d’apprécier les différences de mentalité et notamment la perception du vieillissement qui serait, selon Nelly Meunier, mieux acceptée par nos voisins d’outre-Atlantique que par nos voisins de palier.

« Je trouve intéressant de s’appuyer sur le modèle américain, plus préventif. Ils savent se prémunir quel que soit le risque. Chez nous, nous n’anticipons pas assez. C’est une question de sensibilisation, aider les gens à s’acclimater, accepter la vieillesse. J’ai l’impression qu’ils y sont mieux préparés. »

Nelly Meunier

Sunday dans Qui veut devenir mon associé

En février 2020, Nelly Meunier passe sur le grill de l’émission de télé-réalité « Qui veut être mon associé », diffusée sur M6. Tenue par une clause de confidentialité lors de l’interview, elle n’a pas pu m’en dévoiler les coulisses.

Toutefois, elle m’a confié qu’elle apprécie qu’un programme s’intéresse au sujet. Une telle émission peut contribuer à réconcilier les Français avec l’entreprise en leur montrant que la réalité de l’entrepreneuriat est très éloignée de l’image souvent négative qu’ils en ont. 

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