Dans la tête de Laurent Levasseur, le boss de Bluelinea

Connaissez-vous Bluelinea. Marque phare de la Silver Economie, incarnée par son incontournable Président, Laurent Levasseur, Bluelinea est un opérateur d’objets connectés créé en 2006. Initialement dédiée au développement de solutions informatique pour le monde hospitalier, Bluelinea distribue des systèmes d’aide aux personnes âgées depuis 2008. Aujourd’hui, Bluelinea équipe aussi bien des personnes âgées à leur domicile que des établissements de santé et des EHPAD. Leur offre se décline en trois univers :

  • Le Domicile : Bluelinea ambitionne de démocratiser les services de téléassistance auprès du grand public, avec une vraie volonté de promouvoir le côté préventif et bienveillant de ses solutions.
  • La Domotique : Bluelinea souhaite contribuer à l’adaptation de tout type de logements et principalement les résidences services seniors à travers des offres de domotique.
  • Les Etablissements : Bluelinea les équipe en systèmes de sécurité et de communication à travers des nouvelles technologies s’appuyant notamment sur le réseau LoRa et Bluetooth Low Energy.

Fin 2018, Bluelinea a lancé une nouvelle offre de services à destination des établissements de santé, Serenea, un bouton d’appel infirmier nouvelle génération qui embarque un bouquet de services à destination des établissements de santé.

L’ambition de Bluelinea s’étend bien au-delà de ces trois univers !

En effet, Laurent Levasseur rêve de contribuer à faire de la France la nouvelle terre d’accueil des seniors de tous les pays.

Pour l’entrepreneur, notre pays doit capitaliser sur son extraordinaire réseau médico-social, unique en son genre.

Certes, c’est une bonne chose d’exporter nos savoir-faire jusqu’en Chine, mais essayons également d’employer nos infrastructures pour accueillir les seniors étrangers en quête d’un lieu de villégiature sûr et agréable pour leurs vieux jours.

D’autres pays voisins sont déjà dans la course. Comme le Portugal qui, grâce à une fiscalité favorable, attire de nombreux retraités européens. Ou la Tunisie qui développe des systèmes d’EHPAD “hors les murs” dans des hôtels club pour faire le plein toute l’année.

Selon Laurent Levasseur, l’expertise Française dans le médico-social et les gérontechnologies est une vraie pépite qui pourrait faire la différence pour les seniors occidentaux dont les pays d’origine n’ont pas tous une offre de services aussi pointue que la nôtre.

En attendant ce futur souhaitable, j’ai rencontré Laurent Levasseur et Adrien Westermann, le directeur Marketing et Communication de Bluelinea pour un entretien exclusif le 12 mars 2019.

Nous avons parlé de l’histoire et du futur de l’entreprise, de la vision de Bluelinea pour la Silver Economie et de l’avenir de la téléassistance.

Interview exclusive de Laurent Levasseur et Adrien Westermann par Alexandre Faure

Alexandre Faure : Bonjour Adrien, pouvez-vous nous expliquer votre rôle chez Bluelinea ?

Adrien Westermann : Je suis directeur marketing – communication. Je suis en charge de ces activités depuis 2013 mais je suis impliqué dans Bluelinea depuis la création de la société, en 2006.

Je suis également en charge de la relation client.

Par relation client, chez Bluelinea, nous entendons l’accompagnement des familles des 27 000 abonnés de nos solutions d’aide à l’autonomie. La qualité de service d’accompagnement est un des axes essentiels de notre stratégie de développement.

Laurent Levasseur : Notre support client s’étend à toute la famille. Aux côtés de chacun de nos 27 000 clients, il y a en moyenne 2,7 aidants familiaux. Ces aidants nous contactent également.

Aux côtés de chacun de nos 27 000 clients, il y a en moyenne 2,7 aidants familiaux qui nous contactent régulièrement.

Laurent Levasseur
Président du directoire de Bluelinea

Notre service client est organisé pour pouvoir répondre à toutes leurs questions. Si l’on ajoute à cela les contacts avec les intervenants professionnels au domicile (kiné, ergothérapeute, infirmière, auxiliaires de vie), nous interagissons avec près de 200 000 personnes !

Alexandre Faure : Pouvez-vous raconter la genèse de Bluelinea ?

Laurent Levasseur : Bluelinea est une entreprise fondée par deux familles : la famille Levasseur et la famille Westermann. Au départ, Bluelinea s’est développé dans le monde des hôpitaux avec des solutions innovantes, des technologies.

Notre ambition était de proposer des technologies aux hôpitaux et établissements de santé avec un credo : “Faire soigner la bonne personne, par le bon médecin, au bon endroit, au bon moment”.

Nous pensions y parvenir en nous appuyant sur la technologie en services, c’est à dire l’utilisation de la technologie pour faciliter les interactions humaines.

Nous sommes en effet convaincus que la technologie doit intervenir en support des interactions humaines et non pas à leur place, surtout dans le monde des seniors.

Ces éléments constituent le socle de nos technologies actuelles. Et même si Bluelinea a élargi ses activités à la Silver Economie, notre mot d’ordre est inchangé :

Nous utilisons la technologie au service du bien être des personnes.

Laurent Levasseur
Président du directoire de Bluelinea

Aujourd’hui, nous intervenons en établissement de santé et au domicile des personnes. Et nous venons en aide aux soignants, aux aidants professionnels et familiaux et bien sûr aux personnes âgées.

Les premiers pas de Bluelinea

Alexandre Faure : Qu’est-ce qui a amené Bluelinea à élargir ses activités à la Silver économie ?

Adrien Westermann : Aujourd’hui nous sommes connus pour nos solutions d’aide aux seniors fragilisés mais nous avons percé en venant en aide à un autre public fragile : les nourrissons.

La solution qui nous a fait connaître s’appelle BlueTag. C’est un bracelet de protection et de surveillance des nouveaux nés en maternité. Il y a eu une forte actualité en 2009 – 2010 suite à des des rapts d’enfants, notamment à Montfermeil dans le 91.

Le public, les médias, notamment de grandes chaînes d’info ont recherché sur le web des solutions pour protéger les bébés en France. Nous étions une entreprise française, nous n’avions pas une forte concurrence et nous étions positionnés sur ce créneau là, ce qui nous a donné une visibilité immense par rapport à la taille de Bluelinea. Nous sommes devenus l’interlocuteur clé sur ce sujet.

Nous avons notamment attiré l’attention du Ministère de la Santé et des pouvoirs publics. Laurent Levasseur a rencontré le Ministre de la Santé et son équipe. Ils lui ont confirmé leur enthousiasme et ils nous ont recommandé de regarder du côté des seniors.

Laurent Levasseur : Ils pensaient que le vrai sujet à terme serait la protection des malades d’Alzheimer, en établissement et à domicile. On nous l’a dit une fois, deux fois et à la troisième fois, j’ai décidé de me pencher sur le sujet.

Nous avions déjà les technologies et l’expertise du milieu hospitalier. Nous devions juste nous intéresser à la spécificité de cette maladie et aux situations de toutes les personnes qui ont des troubles cognitifs pour découvrir comment les aider.

C’est comme cela que nous avons développé BlueGard, le bracelet Alzheimer que nous commercialisons toujours aujourd’hui.

En 2017, nous avons déployé une nouvelle version : BlueGard 2*. Un modèle plus moderne, sécurisé et répondant aux besoins de ces publics.

Cette solution pour les malades d’Alzheimer a été notre point d’entrée dans le monde des séniors. Nous nous sommes alors rendu compte que le bracelet GPS c’était génial pour les seniors, c’était la demande, c’était le sujet.

Alexandre Faure : Comment fonctionne ce bracelet BlueGard 2 ?

Adrien Westermann : C’est un bracelet porté au poignet et configuré avec un périmètre autorisé autour du domicile du porteur. Si il sort du périmètre autorisé, une alerte est émise vers les proches aidants.

Cette fonctionnalité de base répondait au besoin primaire exprimé par les utilisateurs, mais nous avons vite constaté que cette solution devait s’adosser à un service d’assistance pour guider les proches aidants et les aider à retrouver le senior fugueur.

Nous avons donc développé notre propre plateforme en nous appuyant sur une entité existante : Equinoxe. En intégrant cette plateforme H24 7/7 qui avait la capacité à gérer le bracelet Alzheimer, nous avons mis le pied dans le monde de la téléassistance, et nous avons voulu le dépoussiérer.

Bluelinea et la téléassistance

Laurent Levasseur : C’est en opérant ce pivot que nous avons trouvé le champ d’activité le plus intéressant pour nous.

Nous avons cherché à le rendre plus accessible (et désirable) en innovant sur les modalités d’acquisition. Nous avons développé un système d’abonnement qui permet aux personnes âgées de s’équiper à moindre coût.

Lire aussi : le marché de la téléassistance

Auparavant, les bracelet étaient proposés uniquement à la vente

Il fallait dépenser 800 euros et à cette époque pré-iphone, personne n’était prêt à un tel investissement pour un bracelet GPS. Nous avons donc mis en place le modèle de l’abonnement et c’est pour cela que, de fil en aiguille entre 2008 et 2013, la société qui s’est complètement focalisée sur le monde des seniors, a trouvé son modèle économique, en rendant ses solutions accessibles à la plupart des seniors fragilisés.

En parallèle, nous avons commencé à rechercher des développeurs de solutions technologiques compatibles avec notre vision.

A la manière d’un opérateur téléphonique qui va nouer des partenariats avec tel ou tel constructeur de téléphones, nous avons sondé le marché pour trouver les distributeurs proposant :

  • Des systèmes de géolocalisation pour les personnes Alzheimer,
  • Des boutons d’appel H24 et des systèmes de sécurisation du domicile pour les personnes âgées fragilisées,
  • Pour les personnes un peu plus actives, de la téléassistance mobile, comme par exemple un téléphone adapté mais mobile qui permet de géolocaliser et d’appeler l’assistance en un clic, etc…

Nous avons vocation à élargir ce bouquet de services pour répondre au maximum d’usages des seniors qui souhaitent vivre à domicile.

L’introduction de Bluelinea en bourse

Alexandre Faure : Est-ce ce qui qui vous a amenés à introduire Bluelinea en bourse ?

Adrien Westermann : Je vous ai expliqué qu’en 2013, nous avons eu la conviction que pour réussir sur le marché des seniors, il fallait poser un modèle économique fiable et pertinent. Nous savions que l’abonnement apportait la réponse adaptée.

Et trouver ce modèle économique, c’était trouver notre marché.

Nous étions convaincus que si nous arrêtions  de vendre à l’unité pour proposer des abonnements à 19 euros par mois, nous allions trouver notre marché tout en nous garantissant des revenus récurrents.

Adrien Westermann
Directeur Communication et marketing de Bluelinea

Pour financer ce modèle économique, nous avions besoin de fonds. Et nous avons fait le choix d’ouvrir en bourse pour trouver des réponses financières à cette problématique.

Cette introduction en bourse nous a donné les moyens de développer considérablement le nombre d’abonnés. Entre 2011-2012 et 2015, nous avons réalisé 900% de croissance et multiplié les initiatives disruptives pour devenir un acteur de référence à domicile comme en établissement.

Alexandre Faure : Justement, vous êtes engagés dans le projet Ehpad@Dom avec l’Ehpad Stéphanie de Sartrouville. Quel est votre bilan, un an après le début de l’expérimentation ?

Adrien Westermann : Pour tout dire, nous devons faire un bilan avec l’équipe dans les prochaines semaines. Nous sommes satisfait parce que nous nous rendons compte qu’il y a un réel besoin. Nous sommes frustrés parce que c’est encore trop “conceptuel” pour les soignants ou les familles.

C’est un cheminement intellectuel. L’EHPAD à domicile, c’est le meilleur moyen de faire de l’EHPAD un véritable lieu de vie plutôt que de le voir comme le lieu de la fin de vie.

C’est dire que l’on peut utiliser l’EHPAD comme :

  • Un centre de repos,
  • Un centre de ressources,
  • Un centre de rencontre,
  • un centre de découverte : Yoga, lectures, pièces de théâtre, etc.

Et arrêter de le voir seulement comme l’étape ultime.

C’est notre vision et nous la partageons notamment au travers d’initiatives avec la Croix Rouge et la fondation Aulagnier.

Ces projets montrent la pertinence de cette idée de passerelle. Malheureusement, pour l’instant, les gens ne comprennent pas l’intention. Nous avons 24 lits ouverts à l’EHPAD Stéphanie et certains n’ont pas été attribués.

On a toujours pensé que l’EHPAD à domicile était l’alternative du futur entre le domicile et l’établissement.

Mais cette alternative est mal comprise : les publics ne conçoivent pas encore une solution d’hébergement qui soit à mi-chemin entre domicile et EHPAD.

Lire aussi : Les 5 meilleures alternatives à l’EHPAD

Alexandre Faure : Que faudrait-il faire pour changer la perception du public ?

Adrien Westermann : Il est indispensable d’améliorer la démocratisation et la connaissance du grand public pour cette offre.

Quand on touche à la santé, les utilisateurs veulent des choses sûres. Et là pour l’instant, ce projet a besoin de retours d’expériences plus nombreux pour rassurer les familles. Cela va venir !

Côté EHPAD, il y a également un travail pour convaincre d’autres établissements de s’engager dans la démarche, bousculant parfois certains codes du secteur.

Alexandre Faure : La FNMF a publié un rapport réalisé par Mixing Générations et Generacio qui pointe une confusion avec le maintien à domicile et un problème de dénomination, comment abordez-vous ce sujet ?

Adrien Westermann : Bien sûr qu’il y a une vision anxiogène à l’égard de l’EHPAD. Il y a un vrai sujet sémantique afin de trouver les axes différenciant, les bons mots pour que les publics soient rassurés et tentés de vivre cette expérience.

Il serait également souhaitable que les médias, et surtout les médias mainstream réalisent de nouveaux reportages positifs et optimistes sur le sujet.

L’enjeu

Laurent Levasseur : Je pense que l’enjeu dans les années à venir c’est de réussir à participer à cette démocratisation et à cette ouverture d’esprit par rapport aux outils qui contribuent à la préservation de l’autonomie et au bien vieillir chez soi.

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